ACCORD NUCLÉAIRE AVEC L’IRAN

décembre 2013

Le 24 novembre 2013 à 3 heures du matin, l’information arrivait à Téhéran. Deux heures plus tard, la rue explosait de joie comme si la nation avait remporté de haute lutte un match de football contre un pays maître du ballon rond.

À cela, on comprend de quel côté balance le coeur du plus grand nombre des Iraniens : contre le parti des radicaux, pour la réouverture sur le monde et la fin des sanctions.

Il faut pourtant calmer les enthousiasmes et ramener cet accord à sa dimension politique. La liesse de Téhéran peut en effet inquiéter: l’Occident n’aurait-il pas trop cédé, prenant un risque face à des négociateurs madrés ? Le commentaire de Mohammad Javad Zarif, le chef de la délégation iranienne, peut donner à le penser. Sa plus grande victoire, s’est-il réjoui, c’est « la référence claire à l’enrichissement d’uranium » autorisé à l’Iran et contenue selon lui dans l’accord.

Côté américain, on a avalé de travers. À peine la déclaration publique de Zarif tombée, John Kerry, le chef des Affaires étrangères de Washington, affirmait que l’accord ne parle à aucun moment d’un droit à l’enrichissement de l’uranium accordé à Téhéran.

Jouant avec les mots, les deux hommes frôlent l’incident diplomatique. Dans le fond, Zarif a bien raison. Pendant 6 mois, l’Iran a en effet accepté de ne pas enrichir d’uranium à plus de 5%. Ce qui implique qu’il le peut jusqu’à cette limite. En revanche, pour l’essentiel, Kerry n’a pas tort, puisque, ne pouvant pas enrichir au-delà de 5%, le pays des ayatollahs se voit incapable de produire un matériel nucléaire à usage militaire. Or, c’est là la principale préoccupation du reste du monde.

En somme, l’accord du 24 novembre a toutes les apparences d’un bon accord puisqu’il satisfait les deux parties. Mieux, parce qu’il va dans le sens d’un apaisement dans les relations internationales.

En contrepoint, on mesure le bellicisme d’Israël. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est empressé de qualifier l’accord « d’erreur historique ». Pire, mis hors jeu dans ce dossier, il a pesé sur celui de la relance des négociations israélo-palestiniennes, donnant son aval à la construction de 800 nouveaux logements destinés aux colons juifs dans les territoires palestiniens occupés.
Cette initiative apparaît comme particulièrement cynique car, sous la contrainte des États-Unis, il y a une semaine, Netanyahu avait suspendu un autre plan de construction de logements, les Palestiniens renâclant à négocier en subissant pareille vexation. On a l’effroyable impression que le gouvernement israélien croit un climat de guerre indispensable à la survie d’Israël.

Décidément moins incompétentes en matière de politique étrangère que dans les affaires intérieures, les autorités françaises ont su surfer avec habileté sur la situation. Peu de temps avant le récent voyage de François Hollande en Israël, Laurent Fabius avait bloqué les négociations avec l’Iran en relevant le niveau des exigences de la France. Moyennant quoi, le Président français a été reçu avec tous les honneurs par l’État hébreu.

Pour obtenir l’accord du 24 novembre, en revanche, notre diplomatie s’est soudain faite plus conciliante. Si la manoeuvre apparaît habile, elle est néanmoins bien basse et pourrait, finalement, nous aliéner ces deux ennemis apparemment irréductibles : l’Iran et Israël.

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