AFGHANISTAN
QUAND L’OCCIDENT COMPRENDRA-T-IL ?

février 2010

Le 13 février 2010, les forces de l’OTAN présentes en Afghanistan lançaient la plus vaste opération jamais entreprise depuis la fin de l’année 2001 : 15 000 hommes étaient mis en ligne pour chasser les Taliban du Helmand, une région du sud où ces derniers sont fortement implantés

Carte de l'Afghanistan
carte de l'AfghanistanCette opération est à ranger dans la catégorie des grands déploiements inutiles connus en Algérie et au Vietnam. Ils mobilisent des forces importantes, consomment beaucoup de carburant et ne tombent, à la rigueur, que sur quelques caches d’armes.

Significatif, le général McChrystal, commandant en chef de l’OTAN en Afghanistan, s’est cru obligé d’annoncer l’opération, pour, a-t-il dit, minimiser les pertes civiles.

Mais, les civils sont restés. Contraints par les Taliban, affirment les militaires occidentaux. Payés de 500 à 1000 $ par famille, assure la guérilla. Quant aux combattants, comme lorsqu’ils résistaient contre les Soviétiques, ils se sont repliés dans les secteurs limitrophes, pour échapper à l’opération en cours. De leur propre aveu, ils n’ont laissé sur place que quelques hommes prêts à mourir en kamikazes.

OTAN sigleDans quelques jours, quand les forces d’occupation se retireront, les Taliban reprendront leurs quartiers et, pour eux, la vie continuera comme si rien ne s’était passé. Pour contrer ce processus, l’OTAN devrait immobiliser de telles forces sur place, qu’elle serait vite à court d’hommes en étendant sa méthode aux autres provinces.

Sur le front de la guerre d’Afghanistan, un autre épisode a défrayé les gazettes. Le 16 février, on apprenait l’arrestation au Pakistan du Mollah Abdoul Ghani Barader, jusqu’à il y a peu patron des opérations militaires des Taliban en Afghanistan et numéro trois sur leur organigramme.

Reconnue avec quelque emphase par les Américains, cette nouvelle pourrait se révéler une manipulation. D’abord parce que les services pakistanais sont les véritables maîtres d’oeuvre de l’arrestation, qui s’est déroulée sur leur sol à Karachi. On les imagine mal prenant le risque de se brouiller avec les Taliban d’Afghanistan, quand ils font tout pour garder le contact avec eux.

Ensuite, parce que, d’après nos informations, Mollah Barader, comme on l’appelle, était en conflit avec Mollah Omar, son chef suprême. Preuve de l’importance de ce conflit, courant janvier, Serajuddin Haqqani* avait été nommé à sa place à la tête des combattants à l’intérieur de l’Afghanistan.

Les services pakistanais, comme les Taliban afghans, ont sans doute voulu se débarrasser d’un homme rendu furieux par sa mise à l’écart. Ainsi, les premiers auraient-ils trouvé le moyen, grâce à cette arrestation, de se donner du crédit aux yeux des Américains, tout en ayant le feu vert des seconds.

L’offensive du Helmand, comme l’arrestation de Mollah Barader mettent en évidence les carences américaines. D’une part ils n’ont pas élaboré une stratégie capable de réduire la guérilla, d’autre part, sur les zones de repli des Taliban, ils sont trop dépendants de la bonne volonté des Pakistanais. Sauf une réelle reprise en main, ils ne se donnent pas les moyens de gagner la guerre.

 

Note

* Il s’agit de l’un des fils de Jalalouddine Haqqani, qui fut héros de la résistance contre les Soviétiques et parrain de guerre de Ben Laden.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 

Retour Menu
Retour Page Accueil