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septembre 2014
Le prince héritier saoudien, Salmane Ibn Abdel Aziz, est arrivé en France le 1er septembre. Son déplacement revêt une importance particulière. En tant que ministre de la Défense du royaume, il a rencontré le Président de la Répu-blique et a eu un dîner à lÉlysée avec de nombreux chefs dentreprises. Il a aussi été reçu par Manuel Valls, Laurent Fabius, pour les Affaires étrangères et Jean-Yves Le Drian, pour la Défense. Au coeur des discussions, deux sujets
essentiels : dune part des achats darmes mirifiques,
dautre part la lutte contre le jihadisme. Ce nest pas tout, lArabie Saoudite a promis une enveloppe de trois milliards de dollars pour acheter à la France des armes destinées au Liban. Les combats du mois daoût, dans la région dErsal, entre larmée libanaise et des groupes jihadistes syriens, ont mis en évidence lurgence de cette initiative. La première raison du voyage du prince Salmane est intimement liée à la seconde : le sentiment dinsécurité, pour ne pas dire la panique, qui gagne le royaume saoudien. Du point de vue de Riyad, la menace est multiforme. La première vient dIran, avec les vues impériales de ce pays, sappuyant sur lislam chiite pour étendre son influence. Or, lArabie Saoudite compte une proportion dau moins 10% de chiites concentrés dans les régions pétrolières, et donc vitales, de lest du pays. Le conflit syrien est venu sajouter à laffaire. Dabord parce que lIran, implicitement allié à la Russie, est intervenu aux côtés de Damas contre linsurrection. Or, depuis longtemps, le régime des Assad est perçu comme une menace à Riyad. La matérialisation de laxe Damas-Téhéran-Moscou dans une opération militaire na fait quamplifier linquiétude des Saoudiens. Naturellement donc, ils ont pris position aux côtés de la rébellion contre le pouvoir en place en Syrie. Du même coup, ils ont laissé passer des fonds à laile radicale, celle des jihadistes : dAl-Nosra, reconnue par Al-Qaïda, et à LEI (L'Etat islamique ou Daech), plus extrémiste encore, qui prétend établir un califat sur la Syrie et lIrak pour commencer. Le mauvais calcul de Riyad se retourne aujourdhui contre lui, Al-Nosra et lEI constituant un danger mortel pour le pouvoir saoudien, considéré par eux comme illégitime et corrompu. Preuve de linquiétude montante des autorités, elles annonçaient le 2 septembre larrestation de 88 personnes soupçonnées de comploter contre les institutions. Parmi elles, la moitié sont des membres dAl-Qaïda libérés de prison. Cest donc un troisième danger auquel sestiment confrontés les dirigeants de Riyad : le risque dun soulèvement orchestré par les affidés du défunt Ben Laden. Dans ce jeu complexe, et ce nest pas le moindre des paradoxes, lArabie Saoudite apparaît comme un partenaire incontournable de lOccident dans la lutte contre le radicalisme jihadiste sunnite. Ce même jihadisme quelle a pourtant contribué à créer, dans la décennie des années 80, en Afghanistan. |
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