Le 13 août dernier, rentrant de reportage au Pakistan, j'ai fait une escale à Londres avec British Airways. Trois jours plus tôt, John Reid, ministre britannique de l'Intérieur, dénonçait une série d'attentats en préparation. Selon ses propos, des terroristes voulaient " Abattre plusieurs avions en vol, causant la perte d'un nombre considérable de vies. " Le chef de l'unité antiterroriste, Peter Clarke, déclarait pour sa part que " les engins explosifs avaient été construits en Grande-Bretagne et devaient être acheminés vers des aéroports britanniques. " Quant à la BBC, elle désignait, parmi la vingtaine de personnes " soupçonnées " une majorité de Britanniques d'origine pakistanaise. |
A l'aéroport d'Islamabad, avec les valises ouvertes, la zone de départ a pris des airs de marché aux fripes. On ne peut rien prendre en cabine. Il faut, tant bien que mal, caser les ordinateurs et autres gadgets de l'ère moderne dans nos bagages de soute. On nous donne des sacs de plastique transparent pour y serrer le minimum avant de monter à bord. Les tubes, les boîtiers de lunettes et, surtout, les liquides sont interdits. Pourquoi les liquides ? Les terroristes, dit la presse anglo-saxonne, devaient transporter des composants d'explosifs liquides et les assembler à bord. Elle parle de nitroglycérine et de nitrométhane. On étouffe de rire, la nitroglycérine est très instable et explose au moindre choc. Quand à la fabriquer à bord d'un avion, il faudrait un appareillage important, difficile à installer dans des toilettes. En bref, on nous dit n'importe quoi.
Craig Murray a servi comme ambassadeur de Grande-Bretagne en Ouzbékistan de 2002 à 2004. Il a été forcé à la démission par son gouvernement pour avoir dénoncé les violations des Droits de l'homme dans ce pays. Dans un article, il remarque : " Pas un seul des supposés terroristes n'avait fabriqué une bombe. Aucun d'eux n'avait acheté un billet d'avion. Plusieurs n'avaient même pas de passeport... " Difficile de réussir des attentats à bord d'avions sans passeports, ni billets, ni bombes, à six jours de la date prévue, le 16 août selon les autorités britanniques. Et l'ancien ambassadeur de sa gracieuse Majesté de se faire sarcastique. " Sur plus d'un millier de musulmans britanniques arrêtés dans le cadre des lois antiterroristes, remarque-t-il, seulement 12% ont été inculpés... Sur ces derniers, quatre sur cinq ont été acquittés. La plupart des autres, à peine 2% du total des personnes arrêtées, ont été condamnées, non pour terrorisme mais pour un délit mineur découvert pendant l'enquête. " En tout cas, provoquant un désordre dantesque dans les aéroports d'Outre-manche pendant le temps sacré des vacances, cette alerte est propre à énerver les sujets britanniques. Dans le secret de leurs consciences, ils ont dû trouver des excuses aux Israéliens et à leur folie destructrice du Liban. Au point qu'il faut se demander si la coïncidence des deux événements est fortuite. Cependant, réelle ou non, exagérée ou tout simplement récupérée, l'affaire est partie d'une information. S'il faut se méfier des risques de désinformation à des fins politiques, on ne peut pas non plus fermer les yeux sur la réalité du terrorisme d'inspiration islamique. Les Britanniques, de leur aveu, ont lancé les arrestations à la suite de renseignements reçus du Pakistan. Un certain Rachid Rauf, Britannique d'origine pakistanaise, a été capturé à Zhob, à proximité de la frontière afghane. Il est recherché en Grande-Bretagne pour l'assassinat de son oncle en 2002. Selon l'ISI (les renseignements pakistanais), il est aussi lié à Al Qaïda.
On voit bien la lutte contre le
terrorisme une affaire de coopération internationale.
Or, si c'est le cas en Grande-Bretagne, le jeu consistant à
crier " Au loup quand il n'y est pas, " pour
des raisons de haute politique, est néfaste à la
confiance nécessaire à cette collaboration. Alain Chevalérias |
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