|
20 janvier 2015
Peut-être même à des participants aux défilés du 11 janvier, manifestant contre la barbarie du terrorisme mais sans se sentir solidaires de niaiseries de potaches. Peut-être encore à certains de Charlie Hebdo qui commenceraient à se rendre compte quen associant un crayon à lirresponsabilité on peut tuer, « par imprudence » ou par provocation, aussi sûrement quavec un fusil. Surtout à ces centaines de millions de musulmans, blessés dans leur croyance, mais campant fermement face au jihadisme dont ils sont les premières victimes par le nombre. A ces musulmans et à ces musulmanes qui, tout en souffrant de la grossièreté des dessins de Charlie Hebdo, ont eu la grandeur dâme de dénoncer les crimes perpétrés contre leurs auteurs, mais aussi contre des juifs, dont beaucoup soutiennent aveuglément la politique dIsraël. Je salue de ces musulmans la patience et le courage. Car il faut du courage pour dénoncer les crimes perpétrés contre celui qui ridiculise vos croyances. Quant aux autres, « la bande de Charlie Hebdo », ses adulateurs hébétés, adolescents attardés qui font mine de ne rien prendre au sérieux, je dis, sil vous plaît, réfléchissez ! Regardez aux côtés de qui paradent aujourdhui vos héros. A lannonce de lorage quils avaient provoqué par leurs dessins, toute honte bue, ils se sont mis sous la protection de la police. Cette même police quils nont jamais cessé dinsulter et de brocarder. Aujourdhui, vos maîtres anarchistes ont rejoint lOrdre, parce que lOrdre les protège. Ce serait mieux sils le faisaient au nom de la paix et de la justice. Mais le jour de la manifestation du 11 janvier, ils ont marché avec Benyamin Netanyahou, comme eux, et plus encore, un provocateur du terrorisme. Jai entendu moi aussi les invocations à la liberté de la presse et à la liberté dexpression derrière lesquelles ceux de Charlie Hebdo se sont embusqués. Mais quont-ils fait de ces beaux principes quand, pour se débarrasser de lui en 2008, ils ont chassé de leurs rangs Siné, un de leurs confrères, en laccusant dantisémitisme ? Sil nest pas de liberté sans limites, ces limites doivent être les mêmes pour tous. Ou alors on sort de la démocratie pour tomber en tyrannie, celle dun camp qui sarroge tous les droits. Réfléchissez, est-ce bien la France que vous voulez ? Moi pas. Mais revenons sur le coeur du sujet, les caricatures de Mahomet, celui que tous les musulmans adulent sous le nom de Mouhammad. Une minorité de Français, dont sont issus ceux de Charlie Hebdo, fait profession danticléricalisme. Dans ce pays, des chrétiens souffrent encore des attaques vulgaires perpétrées contre leurs croyances par des troublions de ce tonneau. Ces Français-là ont eux aussi appris la patience. Sans doute leur inertie a-t-elle fini par frustrer ceux de Charlie Hebdo. Alors ils sen sont pris à lislam. Mais, comme nous le savons, cette religion compte aussi des illuminés, des groupes de fanatiques contre lesquels il nous faut en découdre jusquà aller en guerre contre eux. Pour cela nous croyons justifié de qualifier ceux de Charlie Hebdo de « crétins ». Quel autre qualificatif donner à la personne qui provoque un fou furieux en venant linsulter sous ses fenêtres ? Pire ! Le premier front de cette guerre est idéologique. Il nous faut rallier les jeunes musulmans révoltés par les injustices. Mais comment les convaincre quand ils voient aux côtés de la France ceux qui insultent leurs croyances et le fondateur de leur religion ? Cette évidence échappe-t-elle donc aux dirigeants français ? Sont-ils même conscients quainsi ils rendent plus risqué et plus difficile le travail de leurs soldats, quils exposent la vie de leurs ressortissants à létranger ? Comme nous pouvons le voir au Niger. Nous avons entendu parler de pédagogie nécessaire pour faire comprendre la position de lautorité française. Mais peut-être est-ce aux dirigeants arabes de donner des leçons de cette pédagogie à ceux qui gouvernent à Paris. Et si leurs raisons ne suffisent pas, nous invitons François Hollande à méditer la réflexion du Pape François : « On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision ! » (1) Walid Joumblatt (2), dont nous navons pourtant pas toujours approuvé les vues, aura sans doute eu les mots les plus responsables sur le sujet en déclarant : « Il est nécessaire quune législation internationale soit mise en place par lONU pour empêcher toute atteinte aux religions et à leurs symboles ». Ce ne serait quapplication de lesprit de tolérance, si souvent prôné en France mais parfois dévoyé au nom dune liberté mal comprise. En attendant, aux hommes et aux femmes conscients et honnêtes, de toutes les croyances voire de toutes les incroyances, de sunir contre le terrorisme et contre lintolérance de Charlie Hebdo. Mais avec des mots et la force de leurs convictions. Alain Chevalérias (1)Le Pape François a tenu ces propos lors de son voyage au Sri Lanka, du 13 au 15 janvier 2015, faisant référence à la ligne éditoriale de Charlie Hebdo. (2)Chef de la minorité druze et responsable politique libanais. Lu dans "L'Orient Le Jour" du 12 janvier 2015. |
www.recherches-sur-le-terrorisme.com |