Le Califat : un nouveau défi

septembre 2014

Le 29 juin dernier, Ibrahim Awad Ibrahim Ali Al-Badri, alias Abou Bakr Al-Baghdadi, se déclarait calife de « l’État islamique » créé sur des territoires pris à la Syrie et à l’Irak.

Il faut savoir le califat un titre d’abord porté par les Arabes, puis par le sultan ottoman, signifiant successeur, en l’occurrence de Mahomet. Qui porte ce titre est supposé le chef de tous les musulmans. La prétention de Baghdadi face aux pouvoirs musulmans en place suffit à tous les liguer contre lui et sa nouvelle entité. De plus, ses préceptes, interprétation archaïque et extrémiste des textes coraniques, déclenchent l’hostilité de la grande majorité des musulmans.

Fort heureusement, car c’est plusieurs siècles en arrière, qu’armé de sa bonne conscience Baghdadi nous renvoie, avec le retour à l’esclavage, le partage des captives entre les combattants et l’exécution massive des prisonniers de guerre. Sa barbarie, le mot apparaît difficile à éviter, doit être vaincue. Mais comment ?

Confrontés à une guerre totale, c’est une guerre totale que nous devons faire. Avec des moyens militaires, bien sûrs, mais pas seulement. Il faudra aussi se mobiliser sur les plans psychologiques, économiques et politiques. Mais surtout, face au mal intégral qui se présente comme le bien absolu, nous devons être le camp du bien et, pour convaincre les musulmans, nous, l’Occident, nous comporter avec justice et compassion. Sur ce terrain, Israël est notre Talon d’Achille et, pour obtenir la confiance de la majorité musulmane, il faudra bien parvenir à imposer une solution équitable entre Israéliens et Palestiniens.

Restera à convaincre. D’abord chez nous. Nous voyons des jeunes gens et des jeunes filles partir par centaines pour s’enrôler chez les jihadistes. Pour les dissuader, il y a la force, mais elle ne suffit pas. Il faut apprendre à leur faire comprendre qu’ils se trompent, en s’appuyant sur les familles, en se servant des autres musulmans. Surtout en cessant de les abandonner à leur sort, leur lâchant les prébendes de l’aide sociale, sorte de cache-sexe de notre lâcheté et de notre hypocrisie.

L’être humain n’a pas besoin que de pain, mais aussi, surtout quand il est jeune, de nourriture spirituelle, d’idéal, de grands projets. Ce ne sont pas nos programmes de services publics, décalés de la réalité et justes bons à acheter la paix sociale, qui nous rallieront cette jeunesse.

Il faudra aussi porter le fer au feu. Nous avons des alliés sur place. Non pas les sbires du régime syrien, cruels et corrompus, mais les rebelles de l’Armée syrienne libre, que nous avons trop longtemps délaissés. Les Américains, comme nous acculés, l’ont enfin compris.

Avec l’aide de cette force dont les effectifs doivent être fortifiés, les armements accrus et la formation revitalisée, nous pourrons avoir un pied sur le terrain. Par ce biais, nous livrer à une guerre particulière consistant à retourner les musulmans venus d’Europe pour soutenir les jihadistes. Beaucoup sont manipulables parce que déçus, voire dégoûtés par le quotidien du jihad. Il faut donc créer des procédures de récupération, comme nous savions en créer autrefois en Algérie pour récupérer les combattants du FLN.

La tâche apparaît énorme. Elle est cependant possible et nécessaire. La seule question est : aurons-nous la générosité et le courage qu’il faut pour relever ce nouveau défi ?

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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