DÉTATS EUROPÉENS? |
octobre 2011
Le 19 septembre 2011, « Standard &
Poors », agence de notation financière
(voir ci-contre), rétrogradait lItalie
de la cotation « A+ » à « A
» en lassortissant dune perspective négative
annonçant une rétrogradation à venir. Tout
ce jargon pour dire lItalie en situation de fragilité
économique et représentant un danger potentiel
pour ceux qui lui prêteraient de largent pour Tout remonte à lesprit de la création de la Communauté puis de lUnion européenne. A linitiative de Jacques Delors, alors à la tête de la Commission, lActe unique de 1986 (1) décréta : « La Communauté vise à réduire lécart entre les diverses régions et le retard des régions les moins favorisées ». A cette fin, lentité européenne créera les Fonds structurels, comme le FEDER et le FSE (2) qui distribuent de largent afin daider au développement des régions les moins développés de lUnion. Baptisés JASPERS, JÉRÉMIE, JESSICA et autres, les programmes des Fonds structurels deviennent des machines à déverser 140 milliards deuros par an au gré des fantasmes de la Commission. LIrlande est un bel exemple de ce gâchis. Dans les années 90, elle a bien profité du système et affichait alors une croissance de 6% lan. On présentait ce pays comme le paradis du libéralisme. Les investisseurs sy précipitaient, les impôts sur les sociétés étant dérisoires, car lÉtat vivait des subventions européennes et non du travail des habitants. Certes, les salaires explosèrent, mais le prix des habitations aussi. Une maison qui valait 75 000 en 1995 se vendait 390 000 en 2006. Pris en outre dune fringale de consommation, pour faire face, les ménages sendettaient. Ce nétait pas assez pour la finance internationale. Les banques de Wall Street, comme Goldman Sachs, démarchèrent lÉtat pour linviter lui aussi à emprunter. Les ressources semblaient alors inépuisables. Tout le monde croyait au miracle. Largent appelait largent et il suffisait, semblait-il, den dépenser pour en gagner. Quelques années plus tard, avec la crise financière de 2008, précédée par celle des « subprimes » un an plus tôt, brusquement les économies ralentissaient. Les États européens, pour ne parler que deux, commencèrent à éprouver des difficultés pour rembourser les dettes accumulées. Ils auraient pu réduire leur train de vie. Ils firent le contraire, augmentant encore leur déficit et donc leurs emprunts, le comble, pour aider leurs banques. Jusquau moment vérité, hier pour la Grèce, aujourdhui pour lItalie, quand les banques internationales, craignant de ne plus toucher les intérêts sur largent prêté, sonnent lalerte avant quil ne soit trop tard... pour elles. Cette histoire ressemble à une fable dans laquelle les hommes auraient joué le rôle des bêtes. Elle devrait nous apprendre : on ne construit pas sur la base de fantasmes, comme on a voulu bâtir lUnion européenne, et on ne doit pas croire au dogmatisme fait de recettes déconnectées de la réalité. Enfin, nous devons nous garder des aigrefins de la finance, quand ils viennent nous proposer de largent dont nous navons, en fait, pas besoin. Il faut apprendre à vivre avec ce que lon gagne.
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Les agences de notation
et la crise grecque La crise grecque éclata, on sen souvient, en décembre 2009, quand les agences de cotation financière dégradaient brusquement la cote de crédibilité dAthènes *. Il faut savoir les agences de notation financière chargées dévaluer la solvabilité, par conséquent la capacité à sendetter, des entreprises et des États souverains. Un bien dans des sociétés financiarisées comme les nôtres. Déclarées indépendantes des banques et surtout des pouvoirs publics elles sont donc de droit privé. Mais les trois plus grandes de ces agences étant basées aux États-Unis, sont-elles vraiment indépendantes. Il sagit de « Standard & Poors », de « Moodys » et de « Fitch Ratings ». À elles trois, elles détiennent 94% du marché, 40% pour les deux premières et 14% pour la troisième. Incontournables à léchelle mondiale, les avis de ces trois agences servent de références aux investisseurs, qui choisissent de placer leur argent en fonction des notes obtenues par les entreprises et les pays. Pour étalonner le degré de crédibilité financières, Moodys, la première, bientôt imitée par ses deux concurrentes, a établi une échelle de notation, allant de « AAA », le fameux « triple A », pour les structures les plus solides, à « C », pour les pays et les entreprises en situation de faillite. Néanmoins, quand on connaît le manque de scrupules des Américains en matière financière, les doutes surgissent quant à la pureté des intentions des donneurs de cotations. Par exemple, on leur reproche tout à la fois, et de manière contradictoire, de provoquer des faillites et de ne pas anticiper suffisamment sur les crises prévisibles. Ainsi, le 28 avril 2010, Jean Arthuis, ancien ministre dAlain Juppé et sénateur de la Mayenne, déclarait à lAFP : « Depuis 2004, on savait que les autorités grecques trichaient. Les agences (de notation) auraient pu se manifester plus précocement. Si elles avaient anticipé, peut-être que les autorités grecques auraient réagi plus tôt face à leurs difficultés ». Oui, mais, la banque dinvestissement Goldman Sachs déversait ses produits financiers pourris en Grèce depuis des années. Comment des institutions américaines auraient-elles pu porter préjudice aux juteuses affaires dune banque de leur pays ? À la lecture de ces lignes on comprendra mieux la nécessité de donner à la planète des agences de notation financière échappant à la sphère dinfluence américaine. *La « Fitch Ratings » intervenait la première le 8 décembre 2009, suivie le 16 décembre par la « Standard & Poors » et le 22 décembre par la « Moodys ». Une autre escroquerie en route LEurope autorise un déficit public ne dépassant pas 3%. Tout le monde se dit que 3% du budget, cela est insignifiant. En réalité, il ne sagit pas de 3% du budget mais de 3% du PIB, autrement dit de la richesse produite par le pays dans lannée. À titre de comparaison, en France, en 2010, les recettes de lÉtat sélevaient à 308 milliards deuros. Le PIB à 1 946 milliards. Le déficit public de 3% correspondrait donc à 58 milliards deuros, soit 19% du seul budget. Question : LEurope veut-elle vraiment nous sortir de lendettement ? |
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