La comédie du G20 de Pittsburgh |
octobre 2009
Les 24 et 25 septembre 2009, le G20 sest assemblé à Pittsburg, aux États-Unis. On désigne sous cette appellation le forum économique regroupant 19 pays générant à eux seuls plus de 90% du produit mondial brut, autrement dit de la richesse créée tous les ans dans le monde. Cette structure a été précédée par le G8, autre forum, qui réunissait les huit pays industrialisés les plus riches de la planète. À Pittsburg, les États membres ont décidé le G20 forum principal de discussion aux dépens du G8. Réuni pour « réformer les régulations bancaires et financières » du monde, on attendait du dernier G20 des décisions à la hauteur de la situation. Nous sommes déçus. |
Le 23 septembre, au cours de linterview accordé à Laurence Ferrari et David Pujadas à New York, Nicolas Sarkozy avait déclaré de ce ton assuré dont il sait user pour nous donner lillusion de sa détermination : « Le capitalisme ne peut pas recommencer comme avant ». Non mais alors ! On allait voir ce quon allait voir. Au soir du 25 septembre, une fois décrochés les décors du G20, pour le fonctionnement des banques, les décisions se limitaient : - à
la réduction des primes versées aux traders Dans son dernier livre, « La Cité des hommes » (1), Dominique de Villepin voit dans la « dérégulation » financière la cause de la crise. Il a raison. Il y a un an, nous lavions déjà dit : tout remonte à novembre 1999 quand, sous la Présidence de Bill Clinton, les États-Unis ont annulé la loi Glass-Steagall. Votée en 1933, cette dernière interdisait aux banques commerciales américaines de garantir des stocks dactions et de pratiquer la spéculation boursière. Mesure législative prise au lendemain de la crise de 1929, cette loi avait justement pour motivation dempêcher les banques de « recommencer », comme dit Sarkozy. Au dernier sommet du G20, on a vainement attendu pareille initiative. Nous ne sommes pas seuls avec Villepin à avoir compris. Toute la classe financière et politique sait aussi la crise née de lintroduction des banques commerciales dans le jeu boursier. Alors pourquoi les « décideurs » ne font-ils rien ? Une seule réponse est possible : ces gens servent les intérêts des grandes banques. Certains vont sinterroger, se demandant comment on peut « servir » les banques, réduisant les primes des traders et éradiquant les paradis fiscaux. Il faut avouer nos dirigeants passés maîtres en matière de manipulation dopinion. Présentées comme des moyens pour empêcher « le capitalisme de recommencer », ces deux mesures sont en fait profitables aux grandes banques. En effet, que les traders soient moins payés et les banques, évitant ainsi de verser des supers bonus, nen feront que plus de bénéfices. Cependant, aucune banque ne pouvait décider seule dabaisser le revenu de ses traders. Ou alors, elle aurait vu ses meilleurs éléments partir chez la concurrence. Il fallait une décision imposée à tous. Quant aux paradis fiscaux, ils ne sont pas à lorigine de la crise. Ils détiennent en revanche des quantités dargent et davoirs. Quils noffrent plus lanonymat et ils perdraient tout attrait, pour les personnes qui fuient la fiscalité de leur pays. Plutôt que de se compliquer la vie, ces dernières rapatrieraient leur argent dans le pays où elles vivent. Elles augmenteraient ainsi le chiffre daffaire des grandes banques et, détail dimportance, celui du revenu fiscal de lÉtat. En revanche, ces deux mesures, profitables pour les grandes banques, et la seconde pour le fisc, nempêcheront en rien « le capitalisme de recommencer ». Au contraire puisque les traders ne feront queffectuer le même travail pour moins cher et les grandes banques nauront que plus de fonds pour spéculer en bourse.
(1) « La Cité des hommes », Dominique
de Villepin. Éditions Plon, 246 pages, 19,5 . |
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