Lhomme malade de lEurope |
mars 2010
On se souvient, au XIXème siècle,
quand Palmerston, ministre britannique, appela lEmpire
ottoman « lhomme malade de lEurope ».
Cette expression nous semble mal appropriée dans le cas
du pays des Turcs, car avoir un pied en Europe ne fait pas de
vous un Européen. En revanche, elle convient pour désigner
la Grèce actuelle, frappée par une crise multiforme. Les Européens ont alors promis un soutien politique. A son retour à Athènes, Georges Papandréou, le Premier ministre grec, ne faisait pas secret de sa déception. Il voulait de largent. Finalement, ce nest quindirectement, par le journal allemand « Der Spiegel », que lon saura les pays de la zone euro prêts à verser une aide de 20 à 25 milliards deuros à la Grèce. Aucun rapport avec une quelconque forme de générosité. Simplement les milieux politiques paniquent, car la situation de faillite de la Grèce affaiblit leuro, menace de sétendre à lEspagne et au Portugal, puis daugmenter les effets de la crise économique dans tous les pays partageant la monnaie unique. Comment en sommes-nous arrivés là ? Tout dabord, il faut voir dans cette affaire leffet mécanique de linstauration de leuro. Désormais, la banque centrale dun pays ne peut plus jouer sur la valeur de sa monnaie, en la dévaluant par exemple, pour réduire la pression de sa dette intérieure. Tous les pays, y compris les plus pauvres, sont obligés de vivre sur le même pied que les plus aisés. Or, à vouloir vivre au-dessus de ses moyens, on finit toujours par se ruiner. Encore ladoption de leuro naurait-elle eu quun effet réduit sans une accumulation de comportements inconscients, voire malhonnêtes. Papandréou, de retour aux affaires depuis octobre 2009, na pas manqué dattribuer la responsabilité de la faute à son prédécesseur, le conservateur Costas Caramanlis, avant dajouter : « Certains dans lUnion européenne tentent de se dédouaner de leur responsabilité, qui était de mettre en garde le précédent gouvernement ».
Un particulier se retrouverait en prison pour moins que ça. Pas les ministres dun gouvernement. Pire, on ne peut pas nous faire croire la Commission ignorant ce qui se tramait puisquelle autorisait les opérations qui permettaient le camouflage avec la complicité des banques de Wall Street (2). On appelle cette carambouille la « titrisation » des dettes. On met la créance dans une enveloppe et on la transforme en actions cotées en bourse. Dès lors, vous navez plus des dettes, mais un portefeuille de valeurs mobilières. Cela fait plus chic et, surtout, permet à certains pays de dissimuler leur déficit. La banque new-yorkaise JP Morgan le faisait pour lItalie. Goldman Sachs (3), sa concurrente quelques pâtés de maisons plus loin, rendait ce service à la Grèce. Pour cette affaire, Goldman Sachs a reçu une commission de 300 millions de dollars des Grecs. Lopération était conduite par Antigone Loudiadis, une employée de la banque américaine passée au rang dassociée. En échange, la Grèce a renoncé à percevoir les taxes daéroport, les recettes du loto et quelques autres revenus qui permettent aux États de boucler les fins de mois. Une manière de vendre ses bijoux de famille. Mais il fallait du « cash » ! Cest lEurope qui y pourvoyait en multipliant les subventions. Nous avons évalué à 6,2 milliards deuros les avantages financiers consentis par la Commission à la Grèce pour la seule année 2008 (4). Afin dêtre éligible pour les subventions,le pays dUlysse se croyait tout permis. Par exemple, comme certaines régions italiennes, elle créait des programmes culturels spécifiques pour bénéficier de fonds régionaux (5). Depuis leur entrée dans lEurope, les Grecs, jusque-là lun des peuples les plus pauvres dEurope, ont fait exploser leur niveau de vie. Le salaire mensuel moyen des fonctionnaires, de 1350 , dépasse de 250 celui du privé et leur est versé sur la base de 14 mois. Sans parler des primes qui peuvent doubler le revenu. Or, la fonction publique nest pas résiduelle en Grèce : 32% des salariés sont en effet des fonctionnai-res. De plus, de tous les pays de lOCDE, les Grecs sont les plus jeunes à prendre leur retraite : 58 ans (6). A côté de tout çà, la fraude fiscale à grande échelle est devenue un sport national. Daprès la Banque mondiale, un tiers de léconomie échappe à la comptabilité de lÉtat. De leur côté, industriels, avocats, architectes et per-sonnalités des quartiers chics « déclarent des revenus annuels de 10 000 », affirmait Takis Theodoropoulos dans « Le Figaro » du 11 février. Aussi, quand mis au pied du mur, le gouvernement annonce un plan daustérité pour obtenir des aides de lEurope, cest la colère : le 24 février, 50 000 manifestants sont descendus dans les rues dAthènes. Mais il y a plus grave : on assiste à la multiplication des attaques terroris-tes de lextrême-gauche et des raids anarchistes contre les symboles de lautorité. Les coyotes attaquent toujours les bêtes malades.
(1) 2% du produit intérieur brut
ou PIB. En clair, 2% de la richesse produite en un an. |
www.recherches-sur-le-terrorisme.com |