LE 11 SEPTEMBRE 2012

octobre 2012

Le 11 septembre 2012, à Benghazi, Chris Stevens, ambassadeur des États-Unis en Libye, était tué avec trois autres diplomates américains. Leurs morts étaient consécutives à l’attaque de leur consulat par des extrémistes musulmans armés de lance-roquettes.

Les jours suivants, des manifestations souvent violentes se multipliaient à travers le monde musulman, entraînant une trentaine de morts et menaçant les locaux diplomatiques américains, par-fois même britanniques et allemands.

Une semaine plus tard, le 18, une attaque revendiquée par un groupe d’insurgés tuait 12 personnes, dont 8 Sud-Africains, dans le centre de Kaboul.

À chaque fois, démonstrations de mécontentement, y compris pacifiques, et violences meurtrières disaient répon-dre à la diffusion sur Internet d’un film baptisé « L’Innocence des musulmans ».

Ce film ressemble plus à un vidéo-clip qu’à un court métrage. On le sait aujourd’hui réalisé par des extrémistes coptes et protestants vivant aux États-Unis. Excessif, pour ne pas dire carrément diffamatoire, il présente Mahomet comme un enfant illégitime, devenu pilleur de caravanes, jouisseur sans frein et animé de pulsions homosexuelles. Affubler les acteurs de tuniques s’arrêtant aux genoux n’est pas le plus ridicule dans cette caricature.

Ce pastiche insultant de la vie du fondateur de l’islam se promenait depuis plusieurs mois sur le « Net ». L’explosion de colère qui s’en nourrit, comprend-on, ne coïncide pas par hasard avec la date anniversaire de la destruction des tours New York. Des chefs d’orchestre se cachent derrière cette émotion.

Comment ne pas se souvenir des propos d’Oussama Ben Laden, diffusés le 23 avril 2006 ? Ils évoquaient « la guerre de civilisations », entre l’Occident et les musulmans, faisant écho aux discours tenus par George W. Bush.

Il faut l’admettre, au nom de la défense de l’islam d’un côté, de la liberté d’expression de l’autre, on voit deux camps d’extrémistes se développer, qui cherchent à entraîner le monde dans un affrontement généralisé. Dans cette manipulation, céder aux uns, c’est céder aux autres.

Cependant, à la vue des excès et des crimes perpétrés par les islamistes radicaux, la tentation nous vient facilement de mettre tous les musulmans dans le même sac. Nous oublions que ces soulèvements populaires, libérant (jusqu’à quand ?) certains pays des entraves de la tyrannie, ont ouvert les vannes à tous les courants, y compris aux plus radicaux. Toutes les révolutions, y compris les plus légitimes, engendrent leurs Robespierre !

Voilà en tout cas qui devrait tempérer l’exaltation quasi mystique de certains au spectacle des défilés vociférants à la lueur des incendies révolutionnaires.

Reste un problème de fond, celui des limites de la liberté d’opinion. Le pouvoir en admet certaines. On sait, par exemple, quel sort serait réservé à de joyeux drilles qui présenteraient Abraham prostituant sa femme à Pharaon, Moïse invitant ses ouailles à exterminer les non juifs ou, pire, nierait l’extermination des Juifs par les nazis.

Peut-être est-il temps d’admettre que le respect des croyances religieuses, pas seulement juives, mais aussi chrétiennes et musulmanes, relèvent du minimum pour vivre en harmonie sur la même planète. Parce que liberté d’expression ne devrait pas signifier droit à l’insulte et à la provocation. Un message à transmettre à la rédaction de Charlie Hebdo.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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