IRAK :
Compétition irano-américaine

avril 2010

Le 7 mars 2010, se déroulaient en Irak les élections législatives. Donnant la tendance, on connaît les résultats pour 92% des suffrages exprimés.

Les trois premières listes sont principalement chiites : le Mouvement national irakien, de Iyad Allaoui, avec 25,77% des voix, la Coalition de l’État de droit, de Nouri Al-Maliki, actuel Premier ministre, avec 25,69% des suffrages, et l’Alliance nationale irakienne, qui n’en compte que 19,41%.

Les accusations de fraude éclatent de tous côtés. Mais, au-delà des éventuelles manipulations, c’est le partage d’influence sur l’Irak, entre les États-Unis et l’Iran, qui se joue. Chacun cherche à prendre le contrôle de la communauté la plus nombreuse, les chiites, dans un pays où ils forment 60% de la population.

A la tête d’une formation présentée comme laïque, Iyad Allaoui est l’allié des États-Unis et leur candidat. Face à lui, on trouve l’Alliance nationale irakienne, rassemblement d’islamistes chiites soutenus par l’Iran. Dans le sud de l’Irak, où les services iraniens sont fortement implantés, on soupçonne les urnes d’avoir été bourrées en leur faveur.

Reste Nouri Al-Maliki. Pendant les années 80, il a vécu en exil en Syrie et en Iran et a servi dans le mouvement Ad-Dawa, financé par les Iraniens. Selon certaines rumeurs, il aurait participé à plusieurs attaques terroristes chiites au Liban, dont celle perpétrée contre les forces françaises en 1983. En 2003, il s’est mis au service des Américains pour éliminer les partisans de Saddam Hussein. Pour l’Iran et les États-Unis, il est l’homme du consensus, indispensable recours tant qu’aucun de ces deux États ne parvient à dominer l’Irak.

En Irak, décryptant le jeu pervers entre l’Iran et les États-Unis, on comprend mieux ce qui se passe en Afghanistan où Téhéran essaie la même stratégie.

Une opposante irakienne condamnée à trois ans
de prison

Le 20 mars, une jeune Irakienne de 33 ans, Hiba, de son vrai nom Hanan Al-Mashhadani, a été condamnée à trois ans de prison en raison des opinions qu’elle affichait sur Internet.
Hiba est officiellement accusée de porter préjudice à des personnalités nationales et religieuses de l’Irak et de s’identifier à un écrivain irakien existant. Ce n’est pas tout. Le juge affirme qu’à travers ses articles, qu’il qualifie de « confidentiels », elle « soutient le terrorisme ». Péremptoire, il exige qu’elle révèle ses sources. En d’autres termes, elle publie de vraies informations et le pouvoir voudrait connaître l’origine des fuites. Hiba vivait à Amman, d’où elle animait son « blog » sur Internet et écrivait pour de nombreux sites. En outre médecin, elle a été arrêtée alors qu’elle accompagnait une mission humanitaire dans son pays. Après avoir consulté plusieurs de ses textes publiés en arabe, nous n’avons trouvé aucun encouragement au terrorisme, même si, exprimant son opinion, Hiba dénonce à la fois ce qu’elle appelle l’occupation américaine et l’occupation iranienne de son pays. Comme quoi, exportée sur les rives du Tigre et de l’Euphrate, la démocratie américaine peut prendre des airs de castrisme.

Centre de Recherches sur le Terrorisme Depuis le 11 Septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

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