DES RÉFORMATEURS |
juillet 2013
Hassan Rohani Rafsandjani Jouant les humbles jusquau bout, les réformateurs nont dévoilé leurs batteries quau dernier moment : Reza Aref sest démis en faveur de Rohani quand Rafsandjani et Mohammad Khatami (photo ci-contre), tous deux anciens Présidents, appelaient les Iraniens à voter pour le seul réformateur en lice. Pendant ce temps, les radicaux se présentaient nombreux. Si nombreux que trois dentre eux avaient conclu un accord de désistement en faveur du mieux placé pour le deuxième tour. Mais il ny aura pas de deuxième tour. Au premier, le 14 juin, Rohani a remporté la majorité absolue avec 50,71% des suffrages exprimés, bénéficiant dune mobilisation record de plus de 72% des inscrits. Le discours de Rohani, dénonçant avec virulence les excès du régime, a fini de peser dans la balance. On peut néanmoins se demander si Khamenei
(photo ci-contre), le guide, a bien été dupe de
ce qui se passait. Si le candidat qui semblait avoir sa faveur,
le radical Saïd Jalili, avait été élu,
nombre dIraniens pouvaient descendre dans la rue dans quelques
mois, gagnés par les exemples arabes et turc.
En Occident, intuitivement, les responsables gouvernementaux lont bien compris. Souhaitant un Iran redevenu fréquentable, ils donnent sa chance à Rohani. Même dans les pays sunnites du Moyen-Orient on respire un peu mieux. Il ny a quIsraël à rester sur une position de fermeture à légard de Téhéran. À un tel point que lon se demande si, pour Tel-Aviv lIran nest pas après tout quun « ennemi utile ». Il sert dépouvantail et maintient lOccident en état dalerte, permettant de reporter aux calendes grecques lindispensable création dun État palestinien, sinon dans la justice au moins dans léquité. Voilà pourquoi la suite des
événements en Iran apparaît primordiale.
Mais elle lest aussi pour faire baisser la tension sur
dautres fronts. En Afghanistan où plane le
risque dune confrontation par Afghans interposés
entre le Pakistan et lIran après le départ
des Occidentaux. En Syrie, où le soutien de Téhéran
à un régime vacillant favorise la montée
des islamistes radicaux. Au Liban, où le Hezbollah
soutenu par lIran opte de plus en plus ouvertement pour
la solution de force, contaminé par la Syrie. Dans le
Golfe et en Irak, où poussant les minorités chiites le
régime perse déstabilise les monarchies en place. LAfrique même, où
ses réseaux jouent un rôle de plus en plus préoccupant
suscitant des fractures religieuses qui seront difficiles à
réduire. En fait, de la décision de Khamenei dépend lavenir de lIran mais aussi la sécurité de tout le Moyen-Orient. Il est temps, pour lune des plus vieilles civilisations de la planète, de se rappeler les règles de sagesse. Hassan Chirazi |
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