Comme pour la préparer, on entend les relais d'information de l'État hébreu propager la " nouvelle " de l'existence de roquettes d'une portée de 300 km entre les mains du Hezbollah libanais.

" Le Figaro ", sans doute à son corps défendant, s'est fait le véhicule de cette désinformation reprise avec gourmandise par la revue de presse du CRIF *.

Dans son édition du 28 mars 2008, on lit que selon : " le dernier rapport confidentiel des services de renseignements militaires israéliens (...) Le parti de Dieu aurait acquis de nouvelles roquettes iraniennes, d'une portée d'environ 300 kilomètres. Il est désormais en mesure de frapper tous les grands centres de population israéliens, y compris Jérusalem et Tel-Aviv (...) Le Hezbollah peut également atteindre Dimona " où se trouvent les installations nucléaires de l'État hébreu.

Le texte, reprenant mot pour mot le message israélien, est destiné à faire peur. Seul problème, ce ne peut être qu'un faux.

Pourquoi ? Les seules munitions d'une portée de 300 km aux mains des Iraniens sont des SCUD-B d'origine nord-coréenne (voir photo), dont la conception date de l'époque soviétique. Pour le moins que l'on puisse dire, ils ne se tirent pas à l'épaule. Longs de 11,2 mètres, d'un diamètre de 84 centimètres, ils pèsent 6,3 tonnes. Ils sont transportés sur des camions à quatre essieux de plusieurs dizaines de tonnes qui, en outre, font office de rampes de lancement.

Il est, par conséquent, difficile d'en introduire incognito pour les cacher au sud Liban, un territoire sous surveillance de la FINUL (force de l'ONU), sous contrôle aérien d'Israël et observé par les satellites américains et européens.

Certes, les SCUD restent d'une technologie ancienne et l'on pourrait imaginer les Iraniens ayant conçu de nouvelles roquettes plus petites de la même portée.

Mais, là encore, nous répondons impossible. Compte tenu de la distance à franchir, l'engin doit emporter une quantité importante de carburant, liquide ou solide, qui apparaît comme la raison principale de sa taille.

En d'autres termes, " Le Figaro " a bien avalé une désinformation. Quant à Israël, nous sommes en droit de le soupçonner de vouloir préparer l'opinion internationale à une nouvelle attaque du Liban.