À
la mi-janvier, en pleine relance des négociations israélo-palestiniennes
par John Kerry, Moshe Yaalon, le ministre de la Défense
de lÉtat hébreux a dit : « John
Kerry, qui est venu nous voir plein de détermination et
qui fait preuve dune obsession incompréhensible
et dun sentiment messianique, na rien à mapprendre
sur le conflit avec les Palestiniens... » Peut-être
quand même à y mettre fin !
Les Américains nont pas
du tout apprécié. Si les Israéliens se sont
empressés dessayer de calmer le jeu, lincident
nen est pas moins révélateur, chez eux, dun
état desprit nouveau. Au mois de novembre déjà,
le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman,
évoquait la possibilité de chercher de nouveaux
alliés.Dans « Actualité Juive »
du 28 novembre 2013, on allait jusquà écrire
: « On pense évidemment à lInde,
mais aussi à la Chine, avec laquelle Jérusalem
a entrepris depuis quelques années un véritable
rapprochement, pourtant freiné à plusieurs reprises
sur injonction de Washington... » La raison invoquée
était le compromis engagé par les États-Unis
avec lIran. Cependant, en filigrane, cétait
surtout la relance depuis le 29 juillet des négociations
israélo-palestiniennes qui coinçait.
Quil émane des leaders
israéliens ou de ceux de la diaspora, le message est simple
: « Si les États-Unis veulent nous contraindre
à des concessions intolérables, nous romprons avec
eux ». Mais pourquoi un tel basculement ? Il faut comprendre
Israël dans une logique de croissance territoriale sans
limites.
Dans les années 30, sous
mandat britannique, seuls quelques territoires juifs, achetés
aux Palestiniens, rompaient la continuité de la présence
arabe. A lépoque, dans la presse, répondant
à la peur des Palestiniens de perdre leur pays, les Israélites
affirmaient ne souhaiter que létablissement dun
« foyer juif » démentant vouloir un
État.
En vert, les territoires réputés
palestiniens
en blanc, ceux déclarés
juifs puis israéliens.
Avec le plan de
partage de lONU, en 1947, les futurs israéliens
obtenaient 50% du pays. Mais
la guerre de 1948 éclatant, ils accaparaient la moitié
du territoire palestinien. Le
quota passait de 25% de lespace
pour ce dernier et 75%
revenant aux Israéliens.
Ce sont les lignes dites de 1967, date dune nouvelle guerre.
Aujourdhui, compte tenu de limplantation
des colonies juives, des espaces confisqués pour raison
de sécurité, de la vallée du Jourdain, à
lest, totalement sous contrôle israélien,
il ne reste
plus aux Palestiniens que 10% du territoire.
Signé un accord qui ne consacre
pas ces acquis territoriaux, serait perçu comme un retour
en arrière par la plupart des Israéliens. Pire,
ils savent que la frontière une fois fixée, ils
ne pourront plus grappiller le territoire de leur voisin. Voilà
pourquoi les pressions américaines pour un accord équitable
leur sont intolérables.
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