UN PRÉSIDENT PRO-SYRIEN
À LA TÊTE DU LIBAN ?

Sleiman Frangié (Jr), chef d’un minuscule clan chrétien allié, politiquement puis militairement, de la famille Assad depuis les années 50, a conclu un pacte avec Saad Hariri. Le premier recevrait le soutien aux présidentielles du mouvement du Futur, dominé par Saad Hariri et à dominante sunnite. En échange, Hariri deviendrait Premier ministre.

Certes, conformément à l’usage, Frangié est maronite et, à ce titre, éligible comme Président. Quant à Saad Hariri, en tant que sunnite, il peut exercer la fonction de Premier ministre.

En termes politiques, en revanche, cela signifierait, d’une part le renforcement du régime syrien à Damas et du Hezbollah au Liban, d’autre part la marginalisation des chrétiens du Liban, cible privilégiée des Assad depuis les débuts de la guerre civile en 1975.

Cela signifierait aussi un éclatement du camp du 14 mars qui regroupe la majorité sunnite et les trois quarts des chrétiens, principalement des Forces libanaises.

Général Achraf Rifi
Déjà, des signaux inquiétants s’allument. Ancien patron des FSI, les forces de police, actuel ministre de la Justice et lui-même membre du mouvement du Futur, le général Achraf Rifi a exprimé son désaccord par voie de presse. Sans attendre, Saad Hariri l’a fait interdire sur les médias qu’il contrôle grâce à l’argent dont il a hérité de son père.

Rifi ne s’est pas démonté. Il a prévenu Hariri, « Si vous faites élire Frangié, je démissionne ». Il dit être prêt à abandonner la politique. Parions qu’il n’en sera rien. Beaucoup à Tripoli, importante ville sunnite, l’inviteraient à devenir leur chef. Ce serait l’éclatement du mouvement du Futur et l’affaiblissement de la ligne des gens raisonnables, face au risque d’un coup de force du Hezbollah pour confisquer tout le pouvoir.