2016,
L’ ANNÉE DE L’ANTI-JIHAD

janvier 2016

L’année 2016 commence sous des auspices pesants. Deux séries d’attentats spectaculaires, en janvier et en novembre, nous montrent notre sécurité nationale désormais liée à l’environnement mondial. Il faut s’en préoccuper, sans sous-estimer le danger mais en en relativisant l’importance. Car après tout, peu ou prou, le monde entier se dresse contre quelques dizaines de milliers de fous furieux.

Autre aspect jouant en notre faveur, les deux grandes centrales jihadistes, Al-Qaïda et Daech, sont en compétition au point de s’affronter sur le terrain en Syrie, en Irak, en Afghanistan, au Yémen ou en Libye. Les services de renseignement occidentaux sont sans doute déjà à l’oeuvre pour mettre un peu d’huile sur le feu du différend entre les deux camps terroristes.

Sur le plan militaire, nous comptons sept régions en effervescence où nous sommes forcés d’intervenir. La Syrie et l’Irak, dont la nuisance s’étend à leurs voisins et principalement au Liban. Avec son débordement sur le Pakistan, l’Afghanistan où les Américains se sont vus obligés de maintenir 13 000 de leurs troupes. Le Yémen, aujourd’hui sous la pression des armées du Golfe, essentiellement celle de l’Arabie Saoudite, mais où le conflit est double avec la lutte contre les Houthis, des épigones de l’Iran.

Les autres régions d’implantation jihadistes se situent en Afrique. La zone sahélienne, avec pour centre le Mali, dans laquelle la France est très impliquée. La Libye, résultat d’une action mal pensée sous Nicolas Sarkozy. Projetant sa propre crise sur nos alliés (le Niger, le Tchad et le Cameroun), le Nigeria livré à lui-même et incapable de faire rendre gorge à Boko Haram. La Somalie, aussi, abandonnée à ses démons par les Américains depuis 1993 après leur pitoyable opération « Restore Hope ». Nous n’incluons pas la République Centrafricaine dans la problématique jihadiste. C’est plus un conflit tribal, qui s’y déroule, sous couvert d’affrontement religieux entre chrétiens et musulmans.

La contre-offensive face au jihadisme est mondiale, dans le sens où elle touche les trois quarts de l’Asie et de l’Afrique et concerne la Russie, l’Europe et l’Amérique du Nord. L’ennemi, en revanche, n’est souvent visible qu’implicitement, à travers les mesures de sécurité qu’il nous oblige à prendre. Contre nous, sa force repose non sur le nombre mais sur l’effet de surprise.

Pour faire face à l’adversaire, il faut, d’une part, attaquer sans relâche ses centres de propagation, les sept régions citées plus haut. D’autre part, grâce à nos structures de police et de renseignement, installer des contre réseaux pour détecter sa présence et ses mouvements sur nos territoires

La coopération de tous les États de la planète apparaît pour ce faire indispensable. C’est là que le bât blesse. Si, dans le principe, cette coopération est acquise, dans les faits elle fonctionne mal, les ambitions des gouvernements se concurrençant et chacun cherchant à tirer avantage de la situation.

On voit les Iraniens instrumentalisant la Syrie, l’Irak et la présence chiite, du Bahreïn au Yémen, pour étendre son influence. En face, les Saoudiens, aveuglés par la menace iranienne, négligent quelque peu celle des jihadistes. Quant aux Russes, tout à la reconstitution de leur ancienne zone d’influence, ils en oublient les cibles principales et, en Syrie, concentrent leurs tirs contre les ennemis de leur allié, Bachar Al-Assad. Pour être honnête, les Américains ne font pas mieux, privilégiant leur « containment » de Moscou aux dépens de la lutte contre les jihadistes.

Les jihadistes tirent profit de cet imbroglio, quand une concentration de nos moyens sur eux les réduirait à rien en quelques mois.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

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