Pourquoi les morts
de la mine sud-africaine
de platine de Marikana ?

septembre 2012

Le 16 août, 34 mineurs étaient abattus par la police sud-africaine à la mine de platine de Marikana. Plus de 20 ans après l’abolition de l’apartheid on ne peut plus imputer cette tragédie aux « méchants Blancs ». Elle met en revanche en évidence la violence endémique de la société et le cynisme de certains décideurs.

En arrière-plan de ce bain de sang se profile la compétition entre les syndicats. Les grévistes suivent les ordres du NUM (National Union of Mineworkers) créée en 1982. Ce syndicat est proche de l’ANC, le parti au gouvernement qui s’est illustré dans la lutte contre l’apartheid. L’AMCU (Association of Mineworkers and Construction Union) est née de son côté d’une récente scission du NUM.

Le NUM souffre d’une perte de crédibilité, en raison du peu de résultat de ses actions et des salaires que se fait verser son secrétaire général, Frans Baleni. Ce dernier s’est octroyé une augmentation de 40%, atteignant mensuellement plus de 105000 rands, soit environ 9000 €, quand les mineurs qu’il défend touchent à peine 400 € par mois.

Pour sauver leur existence, les deux syndicats jouent la surenchère. Ils réclament un triplement des salaires. Une demande irréaliste en Afrique du Sud, en raison du coût de la vie et de la faible productivité du personnel. Début août, le NUM a lancé une grève dure et violente. Le 1er, trois mineurs étaient tués à la mine de Kwezi. Le 16, les policiers tiraient à nouveau sur des hommes armés de machettes et de barres de fer.

A cela s’ajoute les spéculations sur les cours du platine. Lonmin, ex Lonrho et propriétaire de la mine de Marikana, est le quatrième producteur mondial de platine dans un pays fournisseur de 75% de la demande mondiale.

David Wilson, analyste chez Citigroup, gigantesque groupe financier new-yorkais, déclarait à l’agence Reuter au lendemain de la mort des 34 mineurs sud-africains : « Cette année, nous prévoyons un surplus de 122 000 onces » de platine. Et d’ajouter : « Lonmin produits 60 000 onces par mois. Si la société ne tournait pas pendant deux mois, cela stabiliserait le marché ».

Les dieux semblent l’avoir écouté. Début août 2012, les cours du platine étaient tombés à 1400 $ l’once contre 1 900 $ un an plus tôt. Trois jours après la tragédie de Marikana, ils avaient repris 5%.

En versant leur sang, les mineurs servent inconsciemment des intérêts qui ne sont pas les leurs.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

Retour Menu
Retour Page Accueil