sur le protectionnisme économique |
décembre 2011
Les mondialistes, usant
darguments de faussaires, cherchent à désarmer
nos pays face à la concurrence déloyale des pays
émergents. Emmanuel Combe, naïf ou cynique, a publié
un article dans « Le Figaro » du 1er novembre
2011 pour nous faire la leçon. Son premier argument : Laugmentation des droits de douane sur les produits importés provoquerait une riposte de la Chine qui taxerait nos exportations « notamment dans les secteurs où la France excelle comme le luxe, laéronautique ou lagroalimentaire ». Certes, la Chine ne manquerait pas de répliquer. Cependant, pour le marché du luxe, nous ne risquons rien. Seuls les Chinois aisés achètent ces produits, pas les malheureux qui triment dans les usines pour léquivalent de 75 par mois. Or, la catégorie privilégiée, question de standing, ne risque pas de bouder notre production. Pour laéronautique, nous éclatons de rire ! La Chine a déjà entrepris de construire ses propres avions, comme elle le fait pour tout, en copiant les nôtres. Bientôt elle nous les vendra ruinant notre chère industrie. Enfin, concernant lagro-alimentaire, nous retombons, pour nos ventes dans ce pays, et sauf exception, dans la catégorie « luxe », avec nos vins, alcools, foies gras etc... Son second argument : « En taxant les importations chinoises, nous risquons de nous taxer nous-mêmes », car remarque Combe, « la plupart des produits européens que nous consommons incorporent des composants qui ont été fabriqués aux quatre coins du monde ». Cela ne tient pas non plus la route. Si nos industriels donnent à fabriquer des composants à létranger, cest justement en raison des bas coûts de production hors de nos frontières. Si nous les taxons à larrivée en France, nos marques comprendront vite lintérêt de rapatrier leurs usines de fabrication. Ce fera autant de chômeurs en moins. Son troisième argument : « En nous protégeant, nous favoriserons la constitution de rentes en faveur de producteurs domestiques peu efficaces ». Ce pauvre Combe oublie que la compétition se développera, comme par le passé, entre entreprises, à lintérieur de lHexagone. Quen outre, il se montre un rien injurieux à légard de nos « producteurs », et manquant de logique puisque, plus haut, il célébrait leur compétence dans lindustrie de luxe. Son quatrième argument : « La hausse des prix affectera davantage les consommateurs aux revenus les plus faibles : il faudra alors leur expliquer pourquoi les prix des vêtements et des téléphones portables, massivement importés de Chine, ont tant augmenté ». Certes, nous assisterons à une augmentation de certains prix. En ce qui concerne les vêtements et les téléphones portables, nous répondons, les Français en achèteront moins fréquemment mais acquérront des produits de meilleure qualité. La « fièvre acheteuse » nest pas forcément un signe de bonne santé économique. Son cinquième argument : « La démondialisation est le refuge de tous ceux qui ne pensent la compétitivité quau travers du prisme des coûts de production. Il existe une autre manière de sinsérer dans le commerce international : en se différenciant par le haut... en misant sur la qualité des produits et sur le service... » Nous connaissons bien cette antienne professée par les économistes en pantoufles. Les commerciaux la savent le plus souvent fausse. A vouloir y croire, nombre dentreprises françaises, à commencer par Dassault avec son Rafale, perdent de nombreux marchés à linternational. Son sixième argument : « Lambition dune politique de compétitivité est moins de sauvegarder des emplois non qualifiés que de donner une qualification à tous ceux qui nen ont pas ou plus ». Nous approuvons cette approche basée sur la formation des jeunes et, par la requalification, de leurs aînés. Elle a néanmoins ses limites. Dans la société, comme nous le constatons, il existe toujours une proportion importante dindividus incapables dacquérir des savoirs plus ou moins sophistiqués. Il faut à ces gens-là des emplois correspondant à leur niveau. Beaucoup le trouvaient dans les usines, astreints à des tâches répétitives. À le nier et en voulant pousser tout le monde à lexcellence, on encombre les filières de formation et lon donne naissance à une classe de frustrés, incapables de trouver un emploi et se retrouvant finalement à la charge de la société. Une bonne raison de « sauver » nos emplois subalternes : pour que chacun trouve sa place et sépanouisse. Reste à sinterroger sur la personnalité de ce brillant théoricien, Emmanuel Combe. Pur produit de lUniversité française, il a fait Normale sup, Sciences Po et est agrégé en sciences économiques. Aujourdhui, il enseigne à lUniversité Paris I et a publié cinq livres relatifs à léconomie. Détail, et non des moindres, il est membre de lAutorité de la Concurrence (ancien Conseil de la Concurrence), créé par décret et agissant au nom de lÉtat. Cet organisme administratif a pouvoir juridictionnel en matière de pratiques anticoncurrentielles. Il peut « prononcer des injonctions et infliger des sanctions pécuniaires », lit-on dans sa présentation. Il est compétent « pour appliquer les législations nationales et communautaires », cest à dire européennes. Avec son état desprit, dans sa position, on comprend M. Combe plus un danger pour nos entreprises quun défenseur de leur bon droit. Cest justement chez ces dernières que nous lui suggérons de faire un stage afin dy trouver ce qui lui manque : la connaissance du terrain. |
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