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Le 8 février 2005, réunis à Charm el Cheikh (Egypte), Mahmoud Abbas et Ariel Sharon proclamaient la fin de plus de quatre ans de violences entre Israéliens et Palestiniens.
Depuis plusieurs semaines déjà, les forces de sécurité palestiniennes s'activaient pour empêcher les groupes armés de perpétrer de nouveaux attentats. Il en résultait un calme précaire mais réel.
Le 12 février, Abbas parvenait même à obtenir l'engagement du Hamas et du Jihad islamique, mouvements islamistes palestiniens, de respecter " l'accalmie. "
Cependant, le 15 février, trois Palestiniens étaient tués " par des tirs de soldats israéliens, " annonçait sans commentaires l'AFP. Parmi eux, un adolescent de 15 ans. Cela portait le nombre de morts à 4734 depuis septembre 2000. 3679 Palestiniens et 981 Israéliens.
Le 17 février, Israël faisait un geste et le gouvernement renonçait à la destruction des maisons de familles de kamikazes, considérée comme contreproductive.
Mais, le 25 février,
un attentat suicide tue trois Israéliens à
la porte d'une discothèque de Tel-Aviv. A la différence
de la mort des trois Palestiniens morts dix jours plus tôt,
la presse internationale répercute largement l'événement.
On peut craindre le pire. Les Israéliens se saisissant
de l'occasion pour lancer une opération punitive
contre les Palestiniens.
Mais, à la surprise générale, sans
fournir la moindre preuve, Israël reporte la responsabilité
de l'attentat sur la Syrie. Sharon voudrait-il vraiment la
paix avec Abbas ?
Pourtant, il y a peu, Uri Avnery, opposant israélien de " Gush Shalom* " déclarait : Sharon " fait vaguement allusion à des " arrangements à long terme. " Ce qui veut dire : encore des accords intérimaires sur les accords intérimaires existants, dont le seul but est de renvoyer un accord de paix réel à l'infini. Il ressort de son discours qu'Israël gardera pour toujours non seulement les larges blocs de colonies, mais également les zones (dites) essentielles à notre sécurité. "
Et l'Israélien d'appeler
à " une intervention européenne massive
pour mettre fin à l'occupation d'Israël..."
Le gouvernement de Sharon a néanmoins approuvé le
retrait de Gaza. Ce en dépit de la colère
des colons. Il a même octroyé le droit, pour 16 Palestiniens
de Cisjordanie expulsés à Gaza, de rentrer
chez eux.
Uri Avnery, le rebelle, se tromperait-il ?
On peut l'espérer. Un point cependant nous chagrine. Sharon a déclaré : " L'évacuation de Gaza est vitale pour Israël. " On l'a vu aussi déplacer des Palestiniens de Cisjordanie vers Gaza.
Que cette bande de territoire, hors des frontières de l'Israël biblique, devienne un micro-État palestinien et il pourrait servir de réceptacle à la population arabe expulsée de Cisjordanie. Faut-il le craindre ?
Les cartes sont entre les mains de Sharon. Avec Abbas, il a une vraie possibilité de jouer l'espoir et la paix. De donner tort à Uri Avnery. C'est toujours au plus fort de faire la démonstration de sa sincérité.
Jean Isnard est consultant au Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001Note
* La Paix maintenant.