Sous le parrainage de M. François VENDASI, Sénateur de Haute-Corse,

l'Association Agir pour les Droits de l'Homme organise en partenariat avec :

le Centre d'information des Nations Unies pour l'Europe Occidentale
la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme
la chaîne de télévision NTDTV
la radio hélvétique Son de l'Espoir

ainsi que les ONG :
l'Association française pour les Nations Unies, France-Israël, Avocats sans Frontières, le CILAME,
l'association des ONG auprès des Nations Unies, Solidarité Chine,
Falun Gong Human Rights Working Group, Ensemble contre la peine de mort, Citoyens du monde

un colloque

La paix, qu'est-ce que c'est ? et comment la faire ?

le 11 janvier 2007 de 14h à 18h pour les débats en salle Gaston Monnerville
et de 18h à 20h pour le buffet en salle René Coty.

Palais du Luxembourg - 15 ter rue de Vaugirard - 75006 Paris
(se munir d'une pièce d'identité)

 

 LES INTERVENANTS

Sous la présidence de Monsieur André Lewin, Ambassadeur de France, président de l'Association française des Nations unies, ancien Porte-parole du Secrétaire général des Nations unies

" Consolider la paix, un programme des Nations unies, "
Jean-Pierre Bugada, responsable de la communication pour la France et Monaco, Centre d'Informations des Nations unies pour l'Europe occidentale.

" Contribuer à la paix : le rôle de la Commission nationale consultative des Droits de l'homme, "
Michel Forst, secrétaire général de la Commission.

" La paix ne serait-elle qu'un idéal ? "
David Kilgour, ancien secrétaire d'Etat du Canada, ancien vice-ministre des Affaires étrangères du Canada.

" Une menace pour la paix : le terrorisme, "
Alain Chevalérias, journaliste.

" Le pacifisme contre la paix, "
Maître William Goldnadel, avocat à la Cour, président de France-Israël, président de Avocats sans frontières.

" Vers une autorité mondiale pour protéger l'environnement : sa contribution à la paix dans le monde, "
Jerry Bourgeois, président du CILAME, administrateur des Nations unies.

" La liberté d'expression : l'ignorance, un obstacle à l'établissement de la paix, "
Michel Wu, ancien chef de service de la rédaction RFI.

" Peut-on oeuvrer pour la paix dans le monde en maintenant la répression dans son pays ? "
Marie Hollzman, présidente de Solidarité Chine.

" Un facteur de paix : une justice pénale sans peine de mort pour juger les crimes contre l'humanité, "
Michel Taube, président de l'ONG Ensemble contre la peine de mort.

"L'aide à la restructuration du système juridique dans le processus de paix," Fabrice Orlandi, avocat à la Cour.

" Le respect de la liberté de conscience, principe essentiel à l'établissement de la paix, "
Alain Tong, président de l'association Falun Gong France.

" Message de paix, "
Serge Toussaint de l'AMORC.

Intervention à propos de la remise du Prix Nobel de la Paix au Dalai-Lama,
Marcelle Roux, présidente de France-Tibet.

 

 
Nous reproduisons ici le texte de l'intervention
d'Alain Chevalérias sur le terrorisme.

" UNE MENACE POUR LA PAIX :
LE TERRORISME
"

 

Mesdames, Mesdemoiselles, Monsieur l'Ambassadeur, Messieurs,

Je tiens tout d'abord à remercier les organisateurs de ce colloque de m'avoir invité.

Quand on parle de paix, on parle de guerre. Quand on évoque la guerre, on ne peut éviter le terrorisme.

Tout d'abord qu'est-ce que le terrorisme ? Une longue démonstration ne trouverait pas ici sa place, laissez-moi donc aller aux conclusions. Le terrorisme c'est l'attaque avec des moyens militaires d'objectifs civils. Une limite néanmoins s'impose, car à réduire ma définition à ces quelques mots, j'inclurais dans son champ l'action des armées d'Etats quand elles visent des objectifs civils. La guerre se verrait alors assimilée au terrorisme et ce mot perdrait tout sens.

Je limite donc la pratique terroriste aux groupes armés, non-étatiques, qui prennent pour cibles des civils. Quand un Etat et son armée se livrent aux mêmes exactions, je ne parle plus de terrorisme, mais de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité. Comportements beaucoup plus graves à mes yeux, car ils émanent d'entités jouissant d'une reconnaissance internationale.

Par essence, le terrorisme est la réponse du faible au fort.

Il a besoin pour naître et se développer de la rencontre de deux initiateurs : une idéologie et le sentiment d'une injustice intolérable. Ces deux initiateurs sont si liés qu'historiquement, jamais l'un n'a existé sans l'autre. Le sentiment d'injustice peut-être de faible importance, voire imaginaire. Néanmoins, plus l'injustice est réelle, plus la violence terroriste est puissante. L'actualité est là pour le prouver.

Seconde question, comment vaincre le terrorisme ?

Il est une méthode, préconisée par certaines puissances. Il suffirait, à les entendre, d'exterminer les terroristes pour faire disparaître le terrorisme. J'utilise le mot " exterminer " dans toute l'acceptation du terme, car dans l'esprit des plus décidés, il s'agit bien d'éliminer, physiquement, l'adversaire.

Sans faire preuve de sensiblerie, on perçoit l'aspect inhumain d'une telle pensée. Mais cette méthode est-elle seulement efficace ?

Quand elle est pratiquée, on la voit à chaque fois engendrant plus de violence qu'elle n'en fait disparaître. Cela pour une raison simple : les propagandistes de la terreur reçoivent la répression à mort comme un don du ciel, la dureté excessive de leurs adversaires devenant la preuve tangible de l'injustice de ces derniers. On entre alors dans une logique attaque, répression, revanche dont on ne sait plus comment sortir.

Certains pourraient croire mon propos dicté par la démission.

Qu'ils se rassurent. Il ne fait que tenir compte des réalités. Si je dénonce les méthodes de lutte radicales et contre-productives, je n'en renonce pas pour autant au combat. Je le recommande seulement équilibré, tenant compte de nos valeurs et, finalement, efficace.

Pour cela, il faut réintégrer la notion de terrorisme dans l'espace de la polémologie, dans la dimension sociologique de la guerre.

Nous avons vu le terrorisme réponse du faible au fort. Il est par excellence la réponse d'une opposition face à un pouvoir dominateur, sûr de son bon droit et disposant d'une puissance écrasante. Quand le supposé bon droit du plus fort s'accompagne d'un refus, dans le fond, de négocier, un jour la frustration des mécontents se transforme en sentiment d'injustice, puis dégénère en colère. Les propagandistes, souvent des fanatiques, ont alors les coudées franches pour recruter.

Voilà pourquoi je crois, pour combattre le terrorisme, indispensable de s'en prendre aux racines. De s'attaquer à ses deux initiateurs : l'injustice et l'idéologie.

Mais peut-on éradiquer l'injustice de toute la terre ?

D'abord, je ne pense qu'aux injustices majeures. Celles, par exemple, qui spolient un peuple de son territoire parce qu'un autre peuple s'en est déclaré propriétaire. Je pense à ceux que l'on a chassés de leurs maisons pour y installer d'autres habitants. Je pense encore à ces gens, interdits de jouir d'une égalité de droits avec le reste des citoyens d'un pays parce qu'ils n'ont pas la " bonne " religion ou les " bonnes " origines. A ces citoyens qui portent sur leurs papiers la confession à laquelle ils appartiennent.

La tâche est énorme. Elle est aussi indispensable. Du moins si nous voulons la paix.

(Applaudissements).

J'en conviens, il est des cas pour lesquels la justice s'avère difficile à instaurer. Quand, par exemple, à travers l'Histoire, cas fréquent, plusieurs peuples ont successivement habité un même territoire. La coutume, ai-je compris, donne la priorité du droit aux derniers occupants. Ceux-ci, néanmoins, seraient bien inspirés de ne pas nier tous droits aux peuples plus anciens. Quant aux plus anciens, ils seraient prudents n'en demandant, ou n'en prenant pas trop. En d'autres termes, ils devraient viser à un partage équitable du pays plutôt qu'à se laisser dominer par une conception égocentrique des choses.

(Applaudissements)

A la fin, si une entente ne parvenait pas à se dégager entre eux, il reviendrait à la communauté internationale de trancher, dans un esprit de justice. Car, les événements nous le prouvent, quand la violence terroriste surgit dans un point du globe, elle tend à s'exporter. En d'autres termes, nous sommes tous les otages du terrorisme et, à ce titre, ne pouvons laisser personne le provoquer par son injustice.

La réduction des idéologies pourvoyeuses de terrorisme n'est pas tâche plus aisée.

 

J'attire d'abord votre attention sur ce point, parmi celles que nous connaissons le mieux, toutes les religions ont donné corps à des théories terroristes. Je dis bien toutes. Toutes les idéologies politiques aussi, quand elles ont eu la prétention d'être seules porteuses de vérité et de justice.

Pour cette raison, je crois inapproprié de vouloir réduire une religion ou une idéologie. C'est uniquement contre leurs aspects pervers, quand ils peuvent servir de soutien à une justification du terrorisme, qu'il faut oeuvrer.

Mais, comment ?

Par la force ?

Ridicule, car l'on tombe alors dans le travers dénoncé précédemment et conduisant à l'enchaînement attaque, répression, vengeance. On sert ainsi les desseins des inspirateurs du terrorisme.

Au passage, on touche là du doigt l'irresponsabilité, qu'il y a à provoquer certaines croyances, sous prétexte de liberté d'expression, quand on n'autoriserait pas la moindre critique contre une autre religion.

Je crois qu'il faut, aux idées, opposer des idées. Il faut se servir de la raison. Tâche, j'en conviens difficile dans une société dominée par les images génératrices d'émotion. Car nous ne pensons plus, nous réagissons. La passion exprimée à grands cris se substitue à la rhétorique, qui a elle-même disparu de nos manuels scolaires.

Dans ce sens, c'est d'abord dans nos collèges et nos universités qu'il faut commencer à combattre le terrorisme. Non en interdisant, mais en faisant comprendre. Nous jouissons en Europe d'une compétence particulière en la matière. A condition de ne pas nous laisser abrutir par des slogans simplistes. A condition aussi de nous rappeler l'art pédagogique des anciens comme Socrate.

En outre, contrairement à ce que certains veulent croire ou nous faire croire, nous avons dans les classes religieuses de toutes les confessions des personnalités capables de nous aider dans ce sens. Mais, paradoxalement, trop souvent, nos dirigeants politiques préfèrent faire appel aux boutefeux.

Croyez-vous, me diront quelques-uns parmi vous, que le terrorisme aura ainsi à jamais disparu de la terre ?

Ne soyons pas naïfs. Je vous réponds non. Nous l'aurons seulement réduit. Il existera toujours des Ben Laden ou des Ravaillac. Mais ils auront plus de mal à recruter des désespérés ivres de colère. Nous ne pouvons pas espérer une autre victoire.

Il nous restera alors à gérer le danger terroriste résiduel avec les moyens policiers, de renseignement, voire incidemment militaires, dans des proportions mesurées. Privilégiant alors la réflexion sur les comportements intempestifs, nous éviterons les pièges dans lesquels nous nous sommes fourvoyés à travers le monde.

Je vous remercie.

(Applaudissements)

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

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