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mai 2010
En 1988, au lancement du programme du Rafale, Serge Dassault fanfaronnait, se promettant de vendre 3000 exemplaires de cet avion de combat à lexportation. Jusquà ce jour, seul le ministère de la Défense français a passé commande pour 294 appareils, contre 336 comme prévu. À létranger, pas un seul pays na encore fait le pas. Pire, plusieurs, après de lentes négociations, ont opté pour du matériel américain : la Corée du Sud, en 2002, Singapour en 2005, suivis par les Pays-Bas et lAustralie. Plus grave, des pays arabes sensibles autrefois à nos arguments politiques ont à leur tour renoncé : lArabie Saoudite, en 2006, le Maroc, en 2007, et le Sultanat dOman, ce mois-ci. On se souvient que Nicolas Sarkozy, lors de sa visite au Brésil en septembre 2009, avait annoncé lachat par ce pays de 36 Rafales. Depuis, une fois encore, nous avons déchantés. Les militaires brésiliens ont placé notre offre en fin de liste, derrière nos concurrents, les Suédois avec le Gripen et les Américains proposant le F-18. Comment expliquer cet échec ? Sont incriminés les plans de financement offerts, insuffisamment performants comparés à ceux des concurrents et plus particulièrement des Américains. On évoque aussi les méthodes « sauvages » utilisées par ces derniers pour arracher les marchés : implication du Président des États-Unis, chantage au soutien militaire etc... Mais les Français ne se gênent pas non plus pour jouer ces cartes. Un Saoudien proche du pouvoir de son pays nous a donné à titre anonyme son interprétation des faits. « Pendant des années, nous a-t-il dit, quand la France avait une politique arabe, les pays du Moyen-Orient trouvaient un intérêt à acheter français. Nachetant pas américain, nous évitions un embargo sur les pièces et les munitions pour nous défendre face à Israël. Depuis, votre pays sétant aligné sur Washington, nous navons plus la même garantie ». A première vue, largument paraît léger, quand on connaît létroitesse des liens noués entre Israël et les pays du Golfe. Je ne manquais pas de le faire remarquer à mon interlocuteur. « Cest vrai, me répondit-il, mais cela ne nous empêche pas de nous méfier parce que nous ne considérons pas comme stratégiques nos relations avec les Israéliens ». Dassault a soutenu Sarkozy, joué linféodation aux États-Unis et le rapprochement avec Israël. Aujourdhui, il en paye le prix. La France avec. |
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