Voir Kaboul et partir

Le Président Barack Obama veut retirer un tiers de ses for-ces d’Afghanistan avant la fin de l’année. Collant à la ligne américaine, les autorités françaises évoquent elles aussi un retrait partiel de leurs hommes.

Pourtant, sur le terrain, la situation ne cesse de se détériorer. Échappant jusqu’à il y a trois ans à l’offensive des Taliban, le nord est de moins en moins sûr. À la barbe des forces internationales, les insurgés attaquent jusque dans Kaboul. Le 18 juin, ils s’en prenaient à un poste de police. Le 28, pendant 24 heures, c’était au tour de la direction de l’hôtel Intercontinental de voir couler le sang.

L’armée afghane est supposée prendre la relève. Mais, tout le monde le sait, elle n’est pas prête. Pire, elle est infiltrée par la rébellion.

Notre intervention militaire, mal comprise parce que mal expliquée, mal réalisée parce que mal pensée, va se terminer
sur un échec.

L’éloignement de l’Afghanistan en fait une zone en apparence secondaire. Mais à avoir abandonné ce pays à ses démons
après le retrait soviétique, nous avons déjà payé cher : Al-Qaïda en a fait sa base d’assaut contre le reste du monde, principalement les États-Unis.

Or, la mort d’Oussama Ben Laden n’a rien changé et l’organisation a conservé l’essentiel de sa capacité de nuisance. Quant aux Taliban, ils n’auront de cesse d’étendre leur souveraineté à l’ensemble du pays.

À cela s’ajoute les ambitions des pays voisins. Aujourd’hui l’Iran et le Pakistan veulent la même chose : le départ des Occidentaux pour occuper le terrain. A cette fin, toutes nos informations le confirment, ils arment et soutiennent les Taliban contre nous.
Mais à peine serons-nous partis que Téhéran et Islamabad entreront en conflit par Afghans interposés. Quant à Al-Qaïda, sauf à bien préparer notre retrait, elle pourra à nouveau prospérer sous la bannière des Taliban.

En clair, nous aurons versé beaucoup de sang et perdu d’argent pour rien. Mais, déjà, nous avons entamé le même scénario en Libye. Quand comprendrons-nous ?