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octobre 2009
En pleine rentrée,
un scandale éclate. Le 15 juin 2009, le procès
pour escroquerie en bande organisée de lEglise de
scientologie se terminait. Disant le droit, croyait-il, le substitut
du procureur demandait la « dissolution »
de cette organisation. On attendait que le tribunal rende son
jugement le 27 octobre 2009. Laffaire semblait dans le
sac. De fait, un mois avant la fin du procès, le 12 mai, par ladjonction de larticle 124, le législateur avait éliminé cette possibilité, modifiant la loi et supprimant la peine de « dissolution » dans le cas « dune escroquerie commise par une personne morale ». Cest-à-dire en cas descroquerie par une entreprise, mais aussi par une association, statut juridique dont bénéficie lÉglise de Scientologie. En clair, le bureau du procureur se ridiculisait et, surtout, les scientologues échappaient au pire. Plus grave, compte tenu de la proximité entre la date de modification de la loi et celle de la fin du procès, une polémique éclatait. Ouvertement, spécialistes du droit, journalistes et même des membres de la majorité se demandaient si la Chambre des députés nétait pas infiltrée par lÉglise de Scientologie. Dautres, allaient plus loin. Ils soupçonnaient le Président de la République dêtre intervenu en coulisse pour sauver la mise à une structure unanimement qualifiée de secte. Il faut dire : Nicolas Sarkozy a montré à plusieurs reprises des marques de sollicitudes à légard de cette organisation.
A ces données, publiées dans la presse à grand tirage, sen ajoute une autre. Dans son rapport du 11 mars 2008, le département dÉtat américain, au chapitre « liberté religieuse », estime la France coupable de « discrimination, poursuites judiciaires injustifiées et accusations pour des activités prétendument frauduleuses » à lencontre de lÉglise de Scientologie. Or lon connaît laméricanophilie de notre Président et son suivisme à légard de Washington. Tout cela ne constitue pas des preuves, mais des raisons de sinterroger. On attendait la réaction des députés pour éclaircir la situation. A lAssemblée nationale, le 16 septembre, dès louverture de séance, Jean-Luc Warsmann, député UMP des Ardennes, se retrouvait sous le feu des questions. Précisons, présidant les débats de la Commission des lois, cest lui qui avait déposé, le 12 mai, le texte devant être débattu par les députés. Quand Philippe Vuilque, député PS des Ardennes, demande : « Qui est lauteur de larticle 124 de la loi du 12 mai 2009 », Warsmann prend dabord ses grands airs, cherchant à esquiver la réponse. Une mauvaise indication. « Suggérer, éclate-t-il, que le président de la Commission des lois que je suis ait pu faire preuve de complaisance à légard de lÉglise de Scientologie est proprement écoeurant ». Puis, relancé par Vuilque, il finit par admettre : « La rédaction qui a été adoptée est celle de la proposition de loi que javais déposée, je lassume totalement ». Il assume, mais ne dit pas qui a rédigé larticle 154. Or, puisquen amont, à la chancellerie, on affirme ne pas en être lauteur, seuls le rapporteur du texte, Étienne Blanc, député UMP de lAin, et Warsmann lui-même peuvent avoir ajouté larticle incriminé. Certes, à force de multiplier les lois, le Parlement a engendré des textes dune complexité infinie. Comme il en ressort des débats des députés du 16 septembre, les législateurs eux-mêmes ne sy retrouvent plus. Nous sommes pourtant soumis à ladage : « Nul nest censé ignorer la loi ». Encore faudrait-il pouvoir la comprendre! Quant à Warsmann, même si nous ne doutons pas un instant de lindépendance du législatif face à lexécutif, sous Sarkozy, nous pensons quil na pas été placé à la tête de la Commission chargée de promouvoir des lois conforme à « lesprit » présidentiel sans laccord de lÉlysée. Au regard des faits énoncés plus haut, il convient donc de se demander, dans quelle mesure, la rédaction de larticle 124 na pas été téléguidée par Sarkozy lui-même. Ce scandale peut-il passer sans éclabousser son règne ? (1) Mission interministérielle rattachée
au cabinet du Premier ministre. |
Des fuites durant Lors de la séance du
16 septembre à lAssemblée nationale, Daniel
Vaillant, député PS de Paris et ancien ministre,
a évoqué de graves dysfonctionnements. |
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