LE MARCHÉ DE L’ÉCOUTE MONDIALISÉE

Le 25 juin 2013 on apprenait qu’Edward Snowden n’avait pas disparu dans un nouveau triangle des Bermudes mais se terrait dans la zone de transit de l’aéroport de Moscou.

Cette affaire ressemble à une galéjade. Snowden, un consultant de la NSA (1), s’est enfui du territoire américain le 25 mai 2013 pour révéler au monde ce que toute personne raisonnablement informée sait : les États-Unis, à travers cette agence de renseignements, espionnent les communications de toute la planète. Mieux, la plupart des pays développés, dont la France, font la même chose que Washington avec leurs propres moyens. En la matière, ce qui limite les États, ce sont assez peu les grands principes ou les règles internationales, mais l’accès à la technologie nécessaire et le coût des programmes.

Alors pourquoi tant d’émotion ? Parce que publiée dans toute sa crudité, l’information suscite l’inquiétude générale, risquant de remettre en question les prérogatives des États, et principalement des États-Unis les plus actifs dans le domaine. Il faut dire que la description du système par Snowden est réaliste : « Je pouvais voir vos mots de passe (sur Internet), relevés de téléphone, cartes de crédit... » depuis les ordinateurs de la NSA, a-t-il dit.

En réalité, cette surveillance est concentrée sur les « nuisibles », terroristes potentiels et voyous. Seul problème, ceux-ci savent se protéger et échappent souvent à la surveillance. Demeure une énorme banque de données sur Monsieur tout le monde et, d’abord, les personnes « sensibles » : opposants politiques, hommes d’affaires, diplomates etc... A travers les seules transactions de vos cartes bancaires on peut dresser un mémo de vos déplacements, activités et habitudes.

Plus inquiétant, les plus pointus dans ce domaine du renseignement, les Américains ont la capacité de voler des informations aux entreprises étrangères, par ce moyen de privilégier les leurs en les informant des intentions des concurrents. En plein fantasme, le citoyen ordinaire va se croire la cible principale alors qu’il n’est qu’une victime collatérale de la NSA et de quelques autres agences non américaines du même tonneau.

En attendant, surfant sur l’émotion, quelques pays cherchent à profiter de la situation. Si la Russie reste prudente, n’étant pas exempte de tout reproche en la matière, l’Équateur et le Venezuela veulent jouer le rôle du chevalier blanc. Le premier, qui a accordé l’asile politique à Julian Assange (2), comme le second étudie la possibilité de recevoir Snowden.

Cependant, même si les problèmes de légalité des surveillances électroniques ne peuvent pas être écartés d’un revers de main, on peut toujours s’amuser que l’agence chargée de la protection des communications officielles américaines se fasse dérober aussi facilement des pièces compromettantes par un jeune blanc-bec. À Washington aussi il existe des cordonniers mal chaussés !

Notes

(1) La NSA est le service chargé de la sécurité des systèmes de transmissions officiels des États-Unis et de la surveillance, autrement dit de l’espionnage, des réseaux électromagnétiques (téléphones, Internet etc...) La NSA dispose du plus gros budget de toutes les agences de renseignement américaines, dépassant largement y compris la CIA.
(2) Depuis 2010, Assange a mis sur Internet une grosse quantité de courriers diplomatiques secrets des États-Unis.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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