LE SRI LANKA
A FEU & A SANG

avril 2009

Pays d’une guerre civile oubliée depuis bientôt quarante ans, le Sri Lanka mobilise soudain l’intérêt de la presse. Il est temps! Le conflit aurait fait plus de 70 000 morts depuis 1972.

Ile de l’empire britannique située à une centaine de kilomètres de l’Inde, elle était connue sous le nom de Ceylan. Sur son territoire de 64 558 km2, deux fois la Belgique, cohabitent deux ethnies principales : les Cinghalais, de religion bouddhiste, au nombre de 15 millions, et les Tamouls, importante minorité hindouiste de 4 millions d’âmes.

A l’accession à l’indépendance, en 1948, les Cinghalais récupèrent le pouvoir. Progressivement, ils évincent les minorités, principalement les Tamouls, de la fonction publique. A titre d’exemple, quand ces derniers représentent 40% des effectifs dans les forces armées en 1956, ils ne sont plus que 1% en 1970. Pire, le pouvoir central s’efforce de maintenir les zones de peuplement tamoul dans un état de sous-développement.
Ces mesures discriminatoires sont la cause d’une prise de conscience identitaire chez les Tamouls et, dès les années cinquante, de poussées de violence. Puis les mécontents se radicalisent et, en 1972, naît sur le terreau de l’injustice, un mouvement d’inspiration marxiste qui, en 1976, prendra le nom de LTTE, le mouvement de libération des Tigres.

Dès 1978, le LTTE commet des actions armées dirigées contre les forces de sécurité sri lankaises. Puis, en 1983, il lance une guérilla d’envergure. Ce sera la première guerre, qui durera jusqu’en 1990 avec l’intervention de l’Inde aux côtés du pouvoir officiel. Le puissant voisin finira par se retirer en 1991, à la suite de l’assassinat de Rajiv Gandhi, le fils d’Indira Gandhi, par un kamikaze tamoul.

Deux autres guerres s’enchaînent : de juin 1990 à janvier 1995, puis à partir de la mi-avril 1995. Les forces gouvernementales ne parviennent pas à vaincre le LTTE, qui contrôle le nord de l’île à forte majorité tamoule. Bénéficiant de l’aide économique de l’importante diaspora de cette ethnie à travers le monde, disposant d’une structure militaire très efficace et usant de moyens de coercition sur la population, le LTTE parvient à livrer une véritable guerre de position.

Par leurs attaques aveugles, qui touchent la population, les Tigres s’inscrivent dans la logique terroriste. Une fois de plus, ils font la preuve que le terrorisme naît toujours de la rencontre d’une injustice intolérable et d’une idéologie qui en fait son cheval de bataille.

En face, les moyens employés ne sont pas meilleurs. Après une accalmie de quelques années, la violence explose à nouveau en 2005. Le 25 janvier 2009, l’armée sri-lankaise lance une offensive et encercle les Tigres dans un réduit de 20 km sur 15. 100 000 personnes sont parvenues à s’enfuir. Mais sur cette zone où, d’après les Nations Unies, plus de 50 000 civils sont encore piégés, l’armée a fait donner l’aviation et l’artillerie. Selon l’ONU, 6 500 non-combattants ont été tués et 14 000 blessés.

Le gouvernement refuse un cessez-le-feu et interdit aux organisations humanitaires d’aller secourir la population. Sentant la victoire à portée de main, il n’offre aux Tigres que l’alternative de « se rendre ou de mourir ». En d’autres termes, il s’expose à une campagne terroriste sans précédent.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 
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