QUELLE SOLUTION
POUR LA SYRIE ?

février 2012

La situation a pris un nouveau tour en Syrie. A Homs, il faut parler de carnage. En une seule journée, le 4 février, on dénombrait 260 civils tués. Sans aucune retenue, l’artillerie tire obus et roquettes sur les quartiers résidentiels de la ville comme s’il s’agissait des positions d’une armée ennemie.

Autre signe inquiétant, l’Armée de la Syrie libre, amalgame de déserteurs, lance désormais des attaques contre les forces de sécurité. Mal organisée, possédant peu de moyens, elle se bat avec l’énergie du désespoir. Nous sommes sortis du schéma de départ, il y a bientôt un an, quand des manifestants se laissaient passivement décimer par les snipers du régime. On entre chaque jour un peu plus dans la guerre civile.

Face à ce drame, à part l’Iran allié du régime, nous assistons à trois comportements des puissances étrangères. Les Arabes, au premier plan le Qatar, demandent une intervention militaire des Nations Unies, soutenus dans ce sens par un nombre croissant de Syriens.

La Grande-Bretagne et la France se montrent extrêmement prudentes. Alain Juppé, notre ministre des Affaires étrangères, a été jusqu’à dire à propos d’un envoi de Casques bleus : « Nous pensons qu’aujourd’hui toute intervention, à caractère militaire, extérieure, ne ferait qu’aggraver la situation ». Sa position, fût-elle dure au regard du nombre de victimes, ne nous semble pas moins sage. On ne fait pas le bonheur des peuples à leur place.

Quant à la Russie et la Chine, fortes de leur droit de veto, elles ont été jusqu’à s’opposer, fin janvier, à une condamnation du bain de sang par le Conseil se sécurité.

À première vue, cette position apparaît choquante. En réalité nous devons admettre qu’elle correspond à une vision pragmatique du conflit. D’une part Moscou a mis en avant le précédent libyen, quand en mars dernier la France et la Grande-Bretagne se sont servies de la résolution des Nations Unies pour la dépasser et, qu’il nous soit permis de le dire, la violer. L’Occident paye pour ses erreurs en Serbie, en Irak, en Afghanistan et en Libye.

D’autre part, les Russes cherchent à préserver leurs intérêts. Tartous, port syrien, est la seule facilité portuaire dont ils disposent en Méditerranée et, autant que nous sachions, dans le monde. En outre, la Syrie reste leur seul allié dans le monde arabe.

Enfin, et surtout, la Chine comme la Russie ne veulent pas laisser les coudées franches à l’Occident. Cette dernière, surtout, aimerait être l’artisan d’un scénario de retour au calme. Or, sur ce terrain, Moscou dispose d’un atout : l’armée syrienne elle-même. Celle-ci est finalement l’arbitre du conflit : qu’elle lâche le régime, comme ses consoeurs l’ont fait en Égypte et en Tunisie, et ce serait sa fin. Or, comme les Américains chez les militaires égyptiens et tunisiens, les Russes disposent de relais au sein de l’armée syrienne.

Moscou sortirait grandie en obtenant une pareille solution tout en préservant au moins en partie ses intérêts économiques et stratégiques. Certes, l’Occident n’occuperait pas la première place, mais acceptant le rôle de la Russie, lui aussi préserverait son image, en montrant que sa priorité est la stabilité et non pas seulement la conquête de positions stratégiques.

La difficulté n’en reste pas moins de trouver ce général ou ce « quarteron de généraux » capables d’organiser un véritable coup d’État contre la famille Assad.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 

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