DE LA TURQUIE |
novembre 2013
Le 5 novembre 2013, les discussions concernant ladhésion de la Turquie à lUnion européenne ont repris. On frôle le ridicule. Officiellement candidate depuis 1999, cette asiatique que lon veut nous faire croire européenne a déposé sa candidature en 1987. La Croatie, intégrée à lUnion européenne depuis juillet dernier, naura attendu que neuf ans. Il y a de bonnes raisons à la mauvaise volonté de la majorité des Européens. Annie Laurent dans son livre « LEurope malade de la Turquie » (1) en a dressé un procès-verbal minutieux. À cela sajoute la méfiance montante de la majorité des Turcs à légard de lEurope. Résultat, sur trente-cinq chapitres de négociations, pour permettre lentrée de la Turquie dans lUnion, comme on dit à Bruxelles, un seul a été refermé. Parmi les plus litigieux figure celui de Chypre : la Turquie, qui soutient sur lîle une entité sécessionniste, refuse de reconnaître lautorité légale, quand Chypre est membre de lUnion européenne. Alors pourquoi cette insistance européenne à vouloir reprendre les négociations ? Il y a dabord les causes anciennes, profondes et inavouées. Des technocrates fascinés par les chiffres ont cru voir dans la population turque une réserve de main doeuvre travailleuse et bon marché soumise à un État autoritaire qui garantirait sa docilité. Aux yeux des Américains, qui poussaient à la roue de lintégration, cétait aussi le moyen damarrer fermement la Turquie, membre de lOTAN, à lOccident. Ajoutons que, pendant longtemps, par les moyens de ses relais dans nos institutions, Israël poussait aussi à lintégration de la Turquie dans lUnion européenne. Cela pour une bonne raison : depuis 1996, un accord de coopération faisait de ce pays le seul allié militaire dIsraël dans lensemble musulman. Des manoeuvres navales et aériennes avaient même lieu associant les deux armées. Or, faut-il savoir, lÉtat hébreu est pour sa part quasi intégré à lEurope. Le 27 octobre 2009, un communiqué du Conseil européen proclamait : « Israël est plus proche de lUnion européenne que nimporte quel pays du monde, en dehors de lEurope ». Javier Solana, ancien secrétaire général de lOTAN, disait même : « Israël est un membre de lUnion européenne sans être membre de linstitution » (2). Aux yeux de lopinion, lentrée de la Turquie dans lEurope aurait facilité lintégration totale de lÉtat juif, en tant que pays asiatique géographiquement proche du plateau anatolien. Néanmoins, depuis le revirement de la Turquie en faveur des Palestiniens, avec lenvoi à Gaza dun bateau dapprovisionnements en mai 2010, la donne a changé. Cest de cette époque, remarque-t-on au passage, que date, comme par hasard, le refroidissement des relations entre Ankara et les États européens. Néanmoins, un autre événement allait surgir remettant tout en question en Europe : la guerre civile en Syrie. En effet, il faut bien admettre quune action militaire contre le régime de Damas naurait de réelle efficacité que lancée à partir de la Turquie voisine. Sans doute est-ce là la vraie raison de la reprise des négociations entre Ankara et lUnion européenne. |
www.recherches-sur-le-terrorisme.com |