POURQUOI L'ATTAQUE CONTRE L'ARME CHIMIQUE SYRIENNE
les 13 et 14 avril 2018?

avril 2018

Aprés avoir averti, les alliés occidentaux attaquent la Syrie

Dans la nuit du 13 au 14 avril, une force aérienne formée d'appareils américains, britanniques et français a attaqué des cibles militaires contrôlées par l'autorité syrienne. Selon les Occidentaux, les bâtiments visés servaient à la mise en oeuvre d'armes chimiques, des gaz de combat. L'opération faisait suite à une nouvelle attaque chimique qu'aurait perpétrée le régime de Bachar Al-Assad sur la ville de Douma, causant une cinquantaine de morts civils.

Image fournie par le ministère de la Défense américaine le 14 avril 2018.
Elle montre les dommages causés par les frappes sur le
site du Centre de Recherche et de développement de Barzah en Syrie.
Le site de aBrzah avant et après les frappesCependant, de l'aveu de Damas, les missiles tirés les 13 et 14 n'ont causé aucun décès.
Les Occidentaux avaient en effet tenu la Russie au courant de leurs intentions.
Les opinions publiques ont du mal à comprendre.

Pourquoi, se demande-t-on, avertir l'adversaire et limiter ainsi ses pertes ?
En fait, il faut parler d'une opération de dissuasion. Les Occidentaux voulaient montrer leur détermination face à l'usage de l'arme chimique. C'était un signal adressé à la fois aux Syriens, aux Russes et à tout pays qui pourraient être tenté de recourir aux gaz de combat dans un conflit. 
Un signal fort adressé aux pays tentés par l'arme chimique

L'avertissement apparaît d'autant plus fort que les attaquants n'ont pas subi de pertes. Ceci pour une raison simple : les armements d'origine soviétique, comme la plupart de ceux de la Russie d'aujourd'hui, sont technologiquement surclassés par ceux des Occidentaux. Or, la Syrie ne met en oeuvre que cette catégorie d'équipements.

Ainsi, les duels aériens entre des avions de fabrication européenne ou américaine et des aéronefs de conception soviéto-russe ont toujours tourné à l'avantage des premiers. Que ce soit au Moyen-Orient ou en Serbie, en 1999. Aussi, plutôt que de la voir détruite, les Syriens ont gardé leur aviation de combat au sol.

Mais pourquoi cette mobilisation occidentale contre les gaz de combat ?

L'affaire remonte à la Première Guerre mondiale. En quatre ans, plus de 100 000 tonnes de gaz avaient été utilisées sur le front l'Ouest. On comptait une centaine de milliers de morts et plus d'un million d'invalides à vie.

Mais ce n'est pas l'aspect humanitaire qui inquiétait nos dirigeants. Les gaz de combat s'avèrent difficile à gérer, les caprices du vent pouvant les retourner contre leurs utilisateurs. Ils rendent aussi le territoire pris à l'ennemi inoccupable pendant un certain temps. D'où le Protocole de Genève, signé le 17 juin 1925, qui interdisait l'usage des armes chimiques et biologiques. Puisque le gaz ne représentait pas un atout décisif, mais un danger pour son utilisateur, il valait mieux, d'un commun accord, l'éliminer de la palette des armes.

Fait notable, pendant la Seconde Guerre mondiale, même les Allemands n'y ont pas eu recours dans les affrontements. Le 13 janvier 1993, une nouvelle Convention était même signée par 192 pays, interdisant la fabrication et l'entreposage de gaz de combat.

Aujourd'hui, les gaz font surgir une nouvelle crainte.

Si la Syrie était laissée libre de les utiliser, une course à cette arme pourrait éclater. Les stocks se multipliant, les armées en campagne disposant de munitions chimiques prêtes à l'emploi, les risques de vols deviendraient hautement probables. Profitant de l'aubaine, des terroristes pourraient alors s'en procurer aisément.

Le 21 août 2013, à la suite d'une attaque chimique reconnue dans la banlieue de Damas, les Russes s'étaient portés garants de la destruction des stocks de gaz syriens. Ils évitaient ainsi à leurs protégés une attaque de l'Occident. Cette fois, l'Ouest, donnant crédit à ses informations, a décidé de réagir. Reste à apporter la preuve indiscutable de l'utilisation des gaz. Mais le régime syrien n'aide pas beaucoup à la mise en place d'une enquête indépendante. Cela exacerbe les convictions des uns et les doutes des autres *.

Alain Chevalérias

* Voir le témoignage d'un ancien général syrien recueilli sur le blog : alain-chevalerias.fr

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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