Des munitions périmées envoyées aux forces afghanes pour combattre les Taliban.

Depuis 2004, une compagnie américaine, AEY, avait un contrat de 48,7 millions de dollars du Pentagon, la Défense américaine, sur un marché qui doit s'élever dans le temps à 298 millions de dollars.

Il s'agissait de fournir des munitions pour les forces afghanes. Au mois de mars dernier (2008), le gouvernement des États-Unis annulait le contrat, accusant l'entreprise de fournir des produits défectueux. On s'étonnait déjà des conditions d'obtention du marché. Le PDG de la société AEY s'appelle Efraim Diveroli. Or, il n'a que 22 ans. Son père, Michael Diveroli, dit à qui veut l'entendre qu'il aurait préféré que son fils devienne un " bon médecin juif " ou un avocat, plutôt qu'un trafiquant d'armes.

On peut néanmoins émettre quelques doutes. En effet, Michael et son fils ne sont pas nouveaux dans le business. L'oncle d'Efraim s'appelle Bar Kochba Botach et possède lui aussi une société de vente d'armes, la Botach Tactical, basée à Los Angeles, qui fournit des équipements militaires. Or, à entendre Bar Kochba Botach, Efraim et son père Michael ont travaillé pour lui avant de s'enfuir avec la liste des clients, pour ouvrir leur propre affaire. Petite anomalie, Botach Tactical et AEY ont la même adresse, à Miami Beach, et le même numéro de téléphone, le 305 534 0777. Étrange pour des gens qui se sont quittés en mauvais termes.

Continuons ! AEY avaient pour vice-président David Packouz et pour directeur général Levi Meyer. La compagnie achetait des munitions périmées à une société gouvernementale albanaise, MEICO ou " Military Export Import Company ". Cette dernière avait pour mission d'écouler les armements et munitions accumulés en Albanie depuis la période communiste. Entre autres, des munitions de Kalachnikov. Problème : ces dernières étaient souvent périmées. C'est là que Kosta Trebicka, un quatrième larron, entrait en scène. Cet Albanais avait pour mission d'assurer le reconditionnement des munitions pour les rendre plus acceptables au regard des contrôleurs américains, en les faisant passer pour des produits récents. Le malheureux n'a pas eu le temps de profiter du fruit de son négoce. Le 13 septembre, la police retrouvait Kosta Trebicka mort, le visage couvert de sang, sur une route isolée de l'est de l'Albanie.

En dépit des apparences, les autorités locales doutent qu'il s'agisse d'un suicide. Elles ont raison : Trebicka était le lien avec la compagnie AEY et le principal témoin de la fraude aux munitions défectueuses.