En Arabie Saoudite,
une révolution de palais?

Encore une information qui a échappé à la presse française quand les journaux anglo-saxons les plus sérieux ne parlent que de cela. Surgi des rangs de la famille royale, une révolte a éclaté contre le roi.

Depuis le mois d’août circulent trois lettres au sein de la famille royale affirment le roi Salman atteint d’une maladie mentale. Elles l’accusent d’être manipulé par deux princes qui prendraient les décisions pour lui.

D’une part son fils, âgé de 30 ans, Mohammad Bin Salman. Occupant les fonctions de ministre de la Défense, il est aussi le patron du Conseil pour les affaires économiques et le développement en même temps que le principal décideur pour la société pétrolière Aramco (1). Il a été élevé au rang de prince héritier en avril dernier.

D’autre part le prince Mohammad Bin Nayef, le ministre de l’Intérieur, qui prendrait les principales décisions en matière de politique nationale et internationale. Selon les dissidents, 80% des membres de la famille royale seraient en faveur de la destitution du roi. Dans une interview accordée au « Times » (2), l’un d’eux va jusqu’à dire : « Le mieux pour le pays et pour roi c’est qu’il démissionne. Nous ne pouvons pas avoir des gens malade à la tête du pays ». Alors que l’Arabie Saoudite est en guerre au Yémen, on comprend cette fragilisation du régime extrêmement risquée.
En outre, la question se pose : en cas de succès de la ligne contestataire, assistera-t-on à une modernisation de la gouvernance et des usages ou au contraire à un durcissement religieux ? D’autre part, quelle position prendraient d’éventuels nouveaux dirigeants dans le conflit syrien ou au Yémen. Quand on sait l’Arabie Saoudite un allié militaire important des gouvernement occidentaux dans la région, on comprend la réponse à ces questions primordiale. Pas pour les journaux français.

(1) Aramco est la société pétrolière nationale du pays et sa principale pourvoyeuse de revenus.
(2) À la date du 1er octobre 2015.