èLe 10 mai 2003, aux Philippines, 3 attentats font 13 morts èLe 12 mai, en Arabie Saoudite, après 3 attentats on compte 34 morts èLe 16 mai, au Maroc, 5 attaques tuent 41 personnes èDu 17 au 18 mai, en Israël et dans les territoires occupés, 3 attaques causent la mort de 8 individus. Enfin, le 21 mai 2003, la chaîne de télévision arabe Al Jazira (Al Jazeera)diffuse un message d'Ayman Zawahiri, bras droit de Ben Laden. Produit bien avant ces événements, il les annonce. mai 2003 |
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"Après
la partition de l'Irak, viendra le tour de l'Arabie Saoudite,
de l'Iran, de la Syrie, du Pakistan, puis de l'Égypte.
Ils ne laisseront que des débris de pays, des apparences
d'États soumis à l'Amérique et à
Israël...
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On ne peut manquer d'être saisi par la proximité dans le temps de ces attaques et, sauf pour le Maroc, la répétition du chiffre de trois attentats par pays cible. Le choix des objectifs est lui aussi parlant.
Dirigée contre la population chrétienne aux Philippines, elle visait les Américains en Arabie Saoudite, les Israéliens en Israël et en Palestine.
Le Maroc rassemblait ces symboles dans le même temps et le même lieu:
èLe consulat de Belgique, pays siège de l'Otan èLa Maison d'Espagne, dont le gouvernement a soutenu l'attaque contre l'Irak èL'hôtel Al Safir, fréquenté par des touristes occidentaux èLe Cercle de l'Alliance israélite, représentation aux yeux des mahométans de l'État d'Israël. |
Du pays musulman le plus à l'ouest, le Maroc, aux îles islamisées du sud de l'archipel des Philippines, les plus à l'Orient des territoires revendiqués par l'islam militant, les attentats ont balayé l'ensemble de l'univers islamique. Par le sang, les terroristes ont délivré un message d'unité de leur cause dans l'espace et dans le temps. La communication d'Al Zawahiri l'annonçait bien.
Pourquoi, dès lors, personne dans la presse n'a-t-il fait la liaison entre ces attaques? Parce que l'événementiel l'emporte toujours dans nos journaux sur l'analyse en profondeur. Il aurait fallu le dire, Al Zawahiri jouant le prophète de malheur, prouve restée intacte la capacité opérationnelle d'Al Qaida, Oussama Ben Laden fut-il mort ou vif. Faut-il pour autant croire à l'existence d'un état-major caché entre l'Afghanistan et le Pakistan? Non, d'une part parce qu'une telle structure serait vite repérée. A ce propos, les bruits d'ambiance, sur la cassette de la déclaration d'Al Zawahiri, font penser qu'au moment de l'enregistrement il se cachait dans un lieu populaire, et non pas dans un lieu sécurisé.
D'autre part, parce que les gens d'Al Qaida n'ont pas besoin d'un tel dispositif de commandement. Là réside leur véritable force. Organisés en réseau de cellules autonomes, générant leurs propres ressources, avec ou sans ordre venant d'en haut, ils sont capables de fonctionner, de recruter et de s'assigner des missions. Le coup de pied donné en 2001 dans la fourmilière de l'Afghanistan aura eu pour effet principal d'éparpiller leurs forces. Pas de les détruire.
Autre aspect occulté par la presse occidentale, l'impact des propos d'Al Zawahiri sur l'opinion musulmane. Qu'on y réfléchisse. Quand il évoque l'hégémonisme des États-Unis en collusion avec Israël, pas même nous ne pouvons le contredire. Et, quand il dénonce la trahison des pays arabes à l'égard de l'Irak, il dit une évidence.
Certes, Al Zawahiri et ses semblables attisent les braises de la colère. Mais, cette colère, les États-Unis et Israël l'ont allumée. Il y aura toujours des terroristes. Cessons cependant de leur donner des arguments et, de cette façon, de faciliter le recrutement des tueurs. |