UN FOYER INSURRECTIONNEL |
juin 2009
Le 23 mai 2009, un touriste français
était kidnappé par des irréguliers armés
à Dalbadin, au Pakistan. Le 28 mai 2009, une explosion
terroriste faisait vingt mort dans une mosquée chiite
de Zahedan, en Iran. Les Baloutches forment une population dorigine
nomade et parlant une langue de la branche iranienne. Peuple
déleveurs et guerriers, refoulés des steppes
asiatiques par les invasions turco-mongoles, ils ne sinstallent
quau Moyen-Âge dans ce qui deviendra le Baloutchistan,
asservissant les autres populations. Depuis, le Baloutchistan est secoué par des soubresauts séparatistes, parfois instrumentalisés par les voisins. Ainsi, pendant loccupation soviétique en Afghanistan, Moscou soutenait une organisation indépendantiste baloutche dorientation marxiste dans ce pays. Cette dernière sétait renforcée avec des Baloutches du Pakistan en conflit avec lautorité de leur pays. Dans les années 80, le général Zia, Président du Pakistan, était parvenu à calmer le jeu. Sous Moucharraf, cependant, une offensive était lancée au Baloutchistan au printemps 2006,pour donner un coup darrêt à lirrédentisme. Le 26 août, au cours dune offensive, larmée pakistanaise tuait Nawab Akbar Bugti, chef charismatique de la guérilla baloutche, dans la grotte où il était embusqué avec ses hommes. Cette mort ne changea rien, au contraire, elle dopa le nationalisme baloutche. Le soulèvement est plus récent en Iran. Le premier attentat, qui remonte à octobre 2000, éclata devant une mosquée chiite de Zahedan. Le second, le 14 décembre 2006, a été revendiqué par un mouvement baptisé Jondollah. Détail important, dans un Iran où le pouvoir sidentifie au chiisme, les Baloutches sont sunnites. Le prosélytisme des ayatollahs, ajouté à la préférence dont bénéficient les chiites pour accéder aux postes de responsabilité, a doublé le conflit politique dun affrontement religieux. Ce nest pas un hasard si le dernier attentat a eu lieu, lui aussi, dans une mosquée chiite et entraîné, pendant plusieurs jours, de violents affrontements interconfessionnels entraînant la mort de cinq personnes. Zahedan est devenu un sujet dinquiétude pour le gouvernement. Dautant plus que cette ville est aussi une base arrière pour des Afghans liés aux Taliban et un lieu de transit pour les trafics, dont celui de la drogue, avec lAfghanistan et le Pakistan voisins. Signes de la préoccupation du pouvoir, depuis plusieurs années, laccès à Zahedan est restreint pour les étrangers, mais aussi pour les Iraniens, et les Pasdaran sont omniprésents dans les rues. Du 19 au 21 mai dernier, dans sa base dAbouzar, la police de la ville faisait même un exercice de reprise de contrôle de laéroport, se préparant à léventualité de sa capture par une force inamicale. La crise du Baloutchistan sajoute à la talibanisation de la région pour en accroître linstabilité. |
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