BOKO HARAM :
LA MENACE

juin 2014

Le 7 mai 2014, sur son compte Tweeter, Thierry Mariani, député UMP, a osé écrire : « L’enlèvement par Boko Haram rappelle que l’Afrique n’a pas attendu l’Occident pour pratiquer l’esclavage ». Le malheureux s’est vu voué aux gémonies.

Il s’appuyait pourtant sur un événement concret : le 14 avril, l’enlèvement au Nigeria, par les radicaux islamistes de Boko Haram, de 276 lycéennes âgées de 12 à 17 ans. Pour « les vendre sur le marché, au nom d’Allah », a dit le chef des kidnappeurs, Abubakar Shekau.

Il faut savoir de quoi est capable Boko Haram. Le mouvement, dont le nom signifie l’éducation occidentale est impure, s’est fait connaître à partir du 31 décembre 2003, dans l’État de Yobe, en attaquant des postes de police. Il était né en 2002, dans une mosquée de Maiduguri, à l’initiative de Mohamed Yusuf, un extrémiste islamiste qui a poursuivi ses études de théologie en Arabie Saoudite.

Les agressions de Boko Haram montant en puissance, de véritables batailles rangées éclatèrent avec les forces de l’ordre à partir de 2004. Arrêté à plusieurs reprises, Yusuf était libéré à chaque fois en raison de son aura d’homme de religion et de la protection dont il bénéficiait de la part de l’Arabie Saoudite.

Mais le 26 juillet 2009, les violences prennent une nouvelle ampleur au cours d’attaques simultanées dans quatre États du nord. La police perdant pied, le pouvoir central fit donner l’armée. Le bilan fut lourd : 700 morts, dont 300 militants islamistes, y compris Yusuf exécuté par les policiers.

Pendant un an, on n’entendra plus parler de Boko Haram. En fait, les survivants ont fui au Niger et au Tchad où ils se réorganisent. Pour mieux resurgir en septembre 2010, quand ils attaquent la prison de Bauchi et libèrent 700 prisonniers, dont près de 200 de leurs membres. Puis en Noël 2010, ils s’en prennent à l’objet principal de leur détestation, les chrétiens. Notamment à Jos, ciblant ces derniers, ils font plusieurs dizaines de morts dans les églises pendant la nuit de la Nativité.

La relation des exploits de Boko Haram n’est alors plus qu’une traînée sanglante : les attentats à la bombe se multiplient contre les églises, les débits d’alcool et les bâtiments publics. A cela s’ajoutent bientôt les attaques de villages, y compris musulmans. Boko Haram, sous prétexte d’imposer une pratique pure et dure de l’islam, détruit et tue tout ce qui contrarie son projet.

Puis commencent les enlèvements d’individus. D’abord une famille française, les Moulin-Fournier, le 19 février 2013 dans le nord du Cameroun. Puis en novembre 2013, un prêtre catholique français, Georges Vandenbeusch. En avril 2014, ce sera le tour de deux prêtres italiens et d’une religieuse canadienne.

Le kidnapping des jeunes filles, pour horrible qu’il soit, compte tenu du destin promis à celles-ci, n’est donc pas une première. Mais, les attaques continuant et plusieurs centaines de morts, tués par Boko Haram, étant dénombrées en un mois, le mouvement est enfin décrété « terroriste » par les Nations Unies.

La bonne nouvelle c’est que de plus en plus de musulmans prennent conscience que des hommes, professant la même religion qu’eux, ne sont rien d’autre que des criminels. Ce n’était pas le cas il y a encore dix ans.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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