BOKO HARAM

février 2012

Le 25 décembre dernier, plus de cinquante personnes étaient tuées dans des attentats perpétrés à la sortie des églises au nord du Nigeria. Sans attendre, la secte Boko Haram revendiquait cette vague d’assassinats.

Le 31, une semaine plus tard, le Président du pays, Goodluck Jonathan, décrétait l’état d’urgence dans les provinces septentrionales. Il était temps.

« Le Figaro » du 2 janvier, dans une belle envolée parlait de « cycle d’attaques et de représailles entre communautés chrétiennes et musulmanes ». On est, dans le cas présent, pourtant loin d’une pareille situation.

Les victimes, cibles de Boko Haram, sont clairement identifiées, les chrétiens et les musulmans jugés trop tièdes. Les coupables aussi : les membres d’une secte fanatique islamiste. Mais il y a, en Occident, toujours cette tendance à vouloir ceux qui sont les plus proches de nous au moins en partie coupables.

Boko Haram, « la culture occidentale est un interdit de l’islam », dans la langue nordique haoussa, fut fondée en 2002 par Mohammad Yusuf. Ce dernier, prédicateur né en 1970, a suivi des études théologiques à Médine, en Arabie Saoudite. Il veut l’application de la « charia » à tout le Nigeria, dans un pays de 160 millions d’habitants pour moitié chrétiens.

Entre 2004 et 2009, des affrontements violents éclatent entre les militants de la secte et les forces de sécurité.

Mais le pouvoir en place et la Justice sous-estiment le risque. Yusuf, arrêté à plusieurs reprises pour rassemblements illégaux et troubles à l’ordre public, est relâché et même relaxé par la cour le 13 novembre 2008.

Fort de ce qu’il prend pour de l’impunité, le 26 juillet 2009, Yusuf lance une insurrection simultanée dans quatre États du nord nigérian : Bauchi, Borno, Yobe et Kano. Les forces de sécurité réagissent enfin avec énergie. Les milieux officiels parlent de 700 morts, dont 300 parmi les islamistes. La secte dira avoir perdu 1000 hommes. Yusuf, à nouveau capturé, meurt dans des circonstances non élucidées. Selon les officiels, il aurait été abattu par ses gardiens en tentant de fuir. Il semble plus probable qu’il ait été exécuté de sang-froid.

Mais Boko Haram continue le combat. Au mois d’août, Sannu Umaru, leur nouveau chef, lance un appel au jihad, semant la terreur dans toute la région nord. Mais la tentative se soldant par un échec, la plupart des membres de la secte s’enfuient au Niger et au Tchad voisins.

En septembre de l’année suivante, ils réapparaissent, attaquent la prison de Bauchi et libèrent 700 prisonniers. Puis en décembre 2010, à Noël déjà, date importante sur leur calendrier de haine, ils organisent plusieurs attaques, incendies et assassinats ciblés causant la mort de dizaines de personnes. Au s'allie à Al Qaeda printemps 2011, l’élection d’un chrétien, Goodluck Jonathan, à la Présidence, est l’occasion d’une nouvelle vague de violence.

Le 26 août dernier, ils font sauter la représentation des Nations Unies à Abuja, la capitale, tuant 18 personnes. Le 4 novembre, ils détruisent dix églises à Damatru et font 130 victimes. Jusqu’à la nouvelle tragédie de Noël dernier.

L’affaire est encore plus grave qu’il n’y paraît. Boko Haram a prêté allégeance à Al-Qaïda et établi une liaison semble-t-il avec les islamistes armés de Somalie. Le 2 janvier, ils ont aussi donné trois jours aux chrétiens pour quitter le nord du Nigeria. De plus ils pénètrent le sud du Niger.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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