à Beyrouth |
Cela sonne comme le titre dun film dOSS 117. Le 26 octobre, deux tonnes de Captagon étaient saisies à Beyrouth, sur un avion privé en partance pour lArabie Saoudite. Le chargement est estimé à 250 millions deuros. Ce fait divers est un événement politique tant en raison des circonstances que de la personnalité du principal accusé. Ce dernier est un prince saoudien de 29 ans, lémir Abdel Mohsen ben Walid ben Abdelaziz al-Saoud. Neveu du gouverneur de la province dHaël, son avion sapprêtait à partir pour cette région. La marchandise était conditionnée dans des cartons portant lemblème de lArabie Saoudite. Il faut savoir les autorités de la péninsule arabique saisissant chaque année plusieurs tonnes de cette drogue, le Captagon, connu dans les milieux pharmaceutiques sous le nom de fénéthylline. Utilisé autrefois comme médicament, cest un euphorisant qui, de plus, rend insensible à la fatigue ou à la douleur. Outre sa consommation récréative, le Captagon a aussi un emploi militaire : il est administré aux recrues des groupes jihadistes, principalement en Irak, pour les rendre plus efficaces au combat et annihiler leur peur avant une attaque terroriste. Une première question se pose : à qui était destiné le chargement de Captagon du jeune prince ? À la consommation locale par les oisifs de la société saoudienne ou devait-elle repartir, au moins en partie, pour les théâtres jihadistes de Syrie et dIrak ? Haël est en effet devenu une place de marché pour trafics en tous genres et dabord celui des drogues. Ce nest pas tout... Jusquà 2011, le Liban était le principal producteur illicite de Captagon dans le monde. De laveu même dofficiers libanais, le Hezbollah, milice et parti politique du pays, avait la maîtrise des laboratoires et de lexportation de ce produit. Si la production a été largement délocalisée en Syrie, des responsables du parti chiite continuent de superviser lexportation de Captagon à travers laéroport de Beyrouth. Le Hezbollah a en effet un oeil sur la sécurité des lieux, à travers la Sûreté générale aux mains de plusieurs de ses membres. Le directeur lui-même, le général Abbas Ibrahim, est un proche de ce parti. Autrement dit, il était dautant plus facile de savoir le contenu des cartons du Saoudien que par ses contacts, la Sûreté générale ne pouvait quêtre informée du passage de la drogue. Cela donne bien sûr une dimension un peu mafieuse au malheureux Pays des Cèdres. Cest, hélas ! Le reflet dun certain Liban, dun pays que nous navons pas su protéger des menées de la Syrie des Assad et de la République islamique dIran. Dans laffaire de la prise de Captagon, nous sommes bien obligés de conclure que le jeune émir saoudien a été piégé. Néanmoins, chez les voyous plus
encore, « business is business ». En dautres
termes, les intérêts sont sacrés. Pourquoi
donc faire arrêter un client et mettre ainsi en péril
un juteux trafic ? Pris à dessein en otage, « lémir du Captagon » ne serait quune monnaie déchange. Cest ce que lon pense ouvertement au Liban. (1) LArabie Saoudite est en conflit direct avec des « proxies » de lIran au Yémen, et plus indirectement en Syrie. |
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