PERSÉCUTIONS ANTICHRÉTIENNES EN IRAK ET EN AFGHANISTAN

novembre 2010

Le massacre du 31 octobre
à Bagdad

Compte tenu de l’ampleur du massacre, la presse à grand tirage, pour une fois, en a parlé. Nous avons jugé bon de compléter ce que vous savez par des emprunts à la lettre envoyée par deux religieuses de Bagdad, qui se sont rendues sur place pour collecter des témoignages. Le document original est rédigé en français.

« ... Notre Église est habituée aux coups durs, mais c’est la première fois que c’est aussi violent et sauvage et surtout la première fois que cela se passe à l’intérieur d’une église. D’habitude ils font exploser des bombes dans la cour des lieux de culte.

L’église Notre Dame du Salut est une des trois églises syriaques catholiques (1) de Bagdad. La plupart des gens qui la fréquentent sont des chrétiens de rite syriaque originaires de Mossoul ou des trois villages chrétiens syriaques proches de Mossoul (...)

L’église a été prise d’assaut le dimanche 31 Octobre après midi, juste après le sermon du Père Tha’er, qui célébrait la messe. Le Père Wasim (...) confessait au fond de l’église près de la porte d’entrée. Le Père Raphaël était dans le choeur. Les attaquants étaient de très jeunes gens (14-15 ans) non masqués et armés de mitraillettes, de grenades et ils portaient une ceinture explosive. Ils ont tout de suite ouvert le feu, tuant le Père Wasim, qui tentait de fermer la porte de l’église, puis ils ont tiré aveuglément après avoir ordonné aux gens de se jeter a terre, de ne plus bouger et de ne pas crier. Certains ont réussi à envoyer des messages par téléphone portable pour donner l’alerte, mais les assaillants se sont mis à tirer sur toute personne qu’ils voyaient utilisant son portable. Le Père Tha’er, qui continuait de célébrer l’office, a été tué à l’autel dans ses habits sacerdotaux. Son frère et sa mère ont également été tués.

Après, cela a été le massacre, nous ne pouvons pas raconter tout ce que les gens nous ont dit. Même les enfants qui criaient étaient tués. Certaines personnes s’étaient réfugiées dans la sacristie en barricadant la porte, mais ils sont montés sur la terrasse de l’église et ont jeté des grenades par les fenêtres de la sacristie qui sont en hauteur.

(...) Ils ont également mitraillé les appareils d’air conditionné pour que le gaz, en s’échappant, asphyxie les gens qui étaient proches. Ils ont mitraillé la Croix en se moquant et en disant aux gens : « Dites-lui de vous sauver ». Ils ont aussi lancé l’appel à la prière des musulmans : « Allah ou akbar, la ilah illallah… » (2) À la fin, quand l’armée a été sur le point d’entrer, ils se sont faits exploser.

L’armée et les secours ont mis presque deux heures à arriver, ainsi que les Américains qui survolaient les lieux en hélicoptère (...) Pourquoi ont-ils mis si longtemps avant d’intervenir ? »

« Dégâts collatéraux », diront sans doute le Américains. C’est néanmoins la conséquence directe de leur intervention en Irak.

(1) La communauté chrétienne assyrienne est née de l’hérésie de Nestorius (381-451), patriarche d’Alexandrie, qui fut déchu et exilé. Sa croyance fit souche au Moyen-Orient et servit de dogme à l’Église de Mésopotamie (actuel Irak). En 1552, la plus grosse partie de la communauté assyrienne rejoignit Rome, acceptant son dogme tout en conservant ses rites. On appelle ceux restés attachés à la tradition de Nestorius des Assyriens. Les autres des Assyriens catholiques ou Chaldéens.
(2) Il s’agit en fait de la profession de foi musulmane : « Dieu est unique et Mohammed est son Prophète », précédé de « Dieu est le plus grand »

 Un Afghan converti menacé de mort par l’État

Il s’appelle Mossa. Marié et père de six enfants, il est né dans la religion chiite. Amputé d’une jambe, comme beaucoup d’Afghans victimes de mines anti-personnel, il travaillait néanmoins au département orthopédique de la Croix Rouge à Kaboul depuis seize ans. Il y a huit ans, il s’est converti au christianisme, un choix fait récemment par quelques Afghans.

En mai dernier, une chaîne de télévision locale, TV Noorin, a entamé une campagne de dénigrement des Afghans convertis au christianisme. Des manifestations ont éclaté à Kaboul et des parlementaires ont écrit pour demander au gouvernement l’application de « la loi islamique », selon leur interprétation de celle-ci : la mise à mort des personnes concernées pour apostasie.

Comprenant le danger, le 24 mai 2010, Mossa demanda à la Croix Rouge un congé sans solde afin de se mettre à l’abri quelque temps avec sa famille. La police l’attendait devant les bureaux. Le 27 juillet, sa famille apprit enfin dans quelle prison il était par un codétenu libéré.

Au cours de sa détention il a subi insultes, coups, et violences sexuelles, autant de la part des autorités que des autres prisonniers encouragés par les geôliers. La Croix Rouge, se retranchant derrière sa neutralité, refuse de demander sa libération. Les ambassades étrangères se montrent frileuses. Ici, aucun avocat local n’a accepté de prendre sa défense et un avocat venu de l’étranger n’a pas eu le droit de le rencontrer.

Passé au tribunal fin novembre, il attend la décision du juge. Cela se passe dans un État soutenu par les Nations Unies et nos pays.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 
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