Quand l’Église catholique ukrainienne se vend à un multimillionnaire

septembre 2012

Depuis des siècles, en Ukraine, de petites troupes ont pour usage de célébrer Noël en jouant des scènes évoquant la Nativité en se déplaçant de maison en maison.

Parmi ces petites pièces, certaines d’entre elles mettaient en scène la caricature d’un juif, selon la tradition avare, corrompu et pratiquant l’usure. Depuis le début de 2012, le recteur de l’Université catholique ukrainienne (1), Boris Hudizak, soutenu par ses collègues de la direction (2), appelle fermement à supprimer ce personnage au nom de la lutte contre l’antisémitisme.

A première vue, on serait tenter de saluer une initiative qui tend à mettre fin à des propos insultants et discriminatoires visant une catégorie ethno-religieuse de l’Ukraine. Les intentions de la direction de l’Université pourraient néanmoins ne pas être aussi pures qu’il y paraît.

Quelques mois avant les premières déclarations de cette dernière, Dimitri Firtash, grossium du gaz et des produits chimiques (3), a alloué une donation de 25 millions de dollars à l’Université pour la reconstruction de son campus et versé un premier montant de 12 millions. Il a en outre promis d’accompagner les travaux jusqu’au stade final.

L’opinion publique ukrainienne s’est sentie blessée, non en raison de l’appel au retrait d’un personnage de mauvais goût de scénettes illustrant la Nativité, mais à cause de la personnalité du donateur. D’origine juive, il souffre d’une réputation d’homme d’affaires peu scrupuleux, prompt à se servir de sa richesse pour acheter les consciences.

Ivan Garat, le Président du fond de charité catholique a rédigé une déclaration à ce propos et qualifié l’acceptation du don de Firtash d’acte immoral. « Cet argent sale, a-t-il dit, n’apportera rien de bon » et, jouant sur les mots, d’ajouter : « Si nous continuons sur cette voie, l’Église deviendra vite une société à irresponsabilité illimitée ou une usine à services spirituels ». Il allait jusqu’à citer une plaisanterie circulant dans le clergé : « Pax vobiscum, money nobiscum, veni in pace » (4),

 

Notes


(1) En Ukraine, le christianisme est divisé entre orthodoxes et trois églises catholiques rattachées à Rome mais se différenciant par le rite.
(2) Il s’agit de Yuir Shchurko, directeur du département spirituel et pastoral, et de Myroslav Marynovych, vice-recteur de l’Université.
(3) Voir « Turkménistan, le vertige du gaz »
(4) « La paix à vous, l’argent à nous, viens en paix ».

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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