par la justice américaine |
Reza Zarrab, un citoyen iranien de 33 ans, a été arrêté en mars dernier par la police fédérale américaine à son arrivée à Miami où il comptait passer des vacances avec sa famille. La justice des États-Unis lui reproche des transactions faites entre la Turquie et lIran en violation de lembargo contre ce dernier pays. Marié avec une célèbre chanteuse turque, il était en compagnie de deux autres Iraniens qui ont eux aussi été incarcérés. Jusque-là, un fait divers publié en entrefilet dans la presse américaine. Petit problème cependant, en décembre 2013, Zarrab avait déjà été arrêté en Turquie. La justice de ce pays lui reprochait un trafic dor illicite avec lIran... grâce à la complicité de ministres de lactuel gouvernement. Résultat, quatre de ces derniers avaient été forcés à la démission. Laffaire continuait cependant denfler avec la publication découtes téléphoniques mettant en cause le Président de la République, Recep Tayyip Erdogan, et son fils Bilal dans cette sale affaire. Le scandale avait fini par se tasser en Turquie, mais le 6 mars dernier, il connaissait un rebondissement en Iran où Babak Sandjani, lassocié de Zarrab, a été condamné à mort pour corruption. Si on ne peut soupçonner lIran de travailler main dans la main avec les États-Unis, on sait néanmoins Téhéran en tension avec Ankara qui veut faire tomber Bachar Al-Assad en Syrie quand les Iraniens le soutiennent. Enfonçant bien le clou, fin mars, un responsable de la police américaine déclarait : « Les accusations portées aujourdhui (contre Zarrab) devraient servir de message à tous ceux qui essaient de cacher le nom de leurs véritables associés ». Problème, quelques jours plus tard, du 29 mars au 2 avril, Erdogan se rendait aux États-Unis. Outre le procès gênant de Zarrab et de ses acolytes, il y a de nombreux sujets qui fâchent entre les deux leaders, comme la criminalisation des revendications indépendantistes des Kurdes par lÉtat turc ou les atteintes à la liberté de la presse. On nétait guère surpris que le Président turc nait pas de rendez-vous avec Barack Obama. Mais en pleine guerre syrienne, Washington pouvait-il bouder le chef dun État membre de lOTAN aussi incontournable sur le terrain ? Finalement, on apprendra que le 1er avril, les deux hommes se sont rencontrés, sans fanfare, en marge du sommet sur la sécurité nucléaire. Une sorte de service minimum en somme. |
Les 14 et 15 avril, la Turquie avait rassemblé à Istanbul le 13e sommet de lOCI (Organisation de la coopération islamique). Près de 56 dirigeants et représentants dÉtats musulmans étaient présents. Déjà, en elle-même, laffaire ressemble à une pantalonnade : officiellement, même si le régime est islamiste, la Turquie est déclarée laïque. En clair, le Président Recep Tayyip Erdogan bafoue les institutions de son pays. Le plus drôle
nétait pourtant pas là : avec les accents
de grands patron quil sait prendre, Erdogan a annoncé
la création dun « Interpol islamique
» basé à Istanbul. Grâce à ce
moyen, a-t-il expliqué, la lutte contre le terrorisme
en sera facilitée. Or, sur ce plan,
on peut dire quil y a du chemin à faire ! Certes, comme pour la Turquie, parmi les pays arabes et sunnites, le Hezbollah libanais fait presque lunanimité contre lui. Les amis de lIran nen sont pourtant pas daccord : la Syrie, lIrak et la partie chiite du Liban le voient comme un parti allié. La situation nest pas plus facile avec le Hamas palestinien. Si, chassé de Syrie, il a bénéficié de lasile en Turquie, il est en disgrâce en Égypte et tenu à lécart en Jordanie. Il ny aurait bien que les groupes armés kurdes pour susciter le rejet de tous, sunnites comme chiites, arabes comme Iraniens. Un peu léger néanmoins pour rassembler les services de police et de renseignement. |
19 mars à Istanbul Il est environ 11 heures du matin ce samedi 19 mars. Je suis à Istanbul, sur la place Taksim, au coeur dun quartier où Turcs et touristes se côtoient dans les restaurants. Soudain, une voiture de police débouche sirène hurlante. Elle se dirige vers lavenue piétonnière Istiklal. Puis des véhicules blindés de maintien de lordre surgissent. À cinq cents mètres, un terroriste vient de se faire sauter. Dici, le bruit de lexplosion a été couvert par les rumeurs de la ville. Sans attendre, la police boucle la zone, y compris pour les journalistes, sur un large périmètre. Un hélicoptère apparaît dans le ciel pour suivre les mouvements au sol. Dans la foule des curieux et des personnes évacuées de la zone, sous le choc, des femmes pleurent. Il y a de la colère dans la bouche des Turcs. Contre « les » terroristes bien sûr. Mais, quand ils se livrent un peu, contre les pays étrangers aussi. Ils perçoivent les Occidentaux, les États-Unis en premier lieu, comme les responsables dun vaste désordre engendré par eux au Moyen-Orient. Petit à petit, les informations remontent. Dabord confuses, puis se stabilisant : il y a quatre morts, trois Israéliens et un Iranien, et une quarantaine de blessés. Quand le périmètre de sécurité est relevé, je métonne de ne pas voir de cible « objective ». On parle dans la presse dun bâtiment officiel qui aurait été visé, mais cela ne correspond pas. Une information de la police va nous en apprendre un peu plus le lendemain. Lobservation des enregistrements des caméras de surveillance montre le terroriste suivant un groupe de 14 touristes israéliens depuis la sortie de leur hôtel. On apprenait enfin Daech (lÉtat Islamique) à lorigine de lattentat. Un message des plus clairs à
lattention des stratèges dIsraël. A. Chevalérias
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