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janvier 2008
Les FARC (Forces armée révolutionnaires de Colombie) annonçaient le 18 décembre 2007 leur intention de libérer trois otages. Deux semaines plus tard, invoquant de mauvaises raisons, elles annulaient l'opération... Déjà, le 20 décembre, Raul Reyes, numéro deux de l'organisation faisait peser l'incertitude sur les intentions de l'organisation : " La démission immédiate d'Uribe (NDLR Alvaro Uribe, Président de la Colombie) et de son gouvernement pourrait garantir la libération, sains et saufs, des prisonniers, au moyen d'un accord humanitaire ", déclarait-il. Ignoble chantage, la vie des captifs contre la destitution d'un gouvernement démocratiquement élu ! Mais qui sont donc les FARC pour lancer pareil défi ? La Colombie, au nord-ouest de l'Amérique du Sud, se trouve au débouché du Panama. Montagneuse à l'ouest, la zone la plus densément habitée, elle est couverte par la forêt équatoriale sur plus de la moitié de son territoire. La violence y est récurrente : guerres d'indépendance, puis guerres civiles, au XIXème siècle ; affrontements de la " Violencia " entre libéraux et conservateurs, de 1948 à 1953, le tout sur fond de frustrations sociales des couches populaires. Dans cette ambiance, se constituent des groupes d'autodéfense formés de paysans sans terre et de petits éleveurs. En 1960, l'un de ces groupes proclame la République indépendante de Marquetalia, dans la province de Tolima, au sud-ouest de la capitale, Bogota. Sous l'influence du modèle castriste, après la victoire de la Révolution cubaine, Marquetalia attire à elle des éléments gauchistes venus de la capitale. Un homme se fait alors connaître : Pedro Antonio Marin, plus connu sous les noms de guerre de Manuel Marulanda Vélez et Tirofijo. Il soutient d'abord les libéraux, puis devenant l'un des chefs de la pseudo " République ", il rejoint la cause communiste. En mai 1964, l'armée colombienne attaque les guérilleros de Marquetalia. Ils s'enfuient et se réorganisent sous le nom de " Bloc du Sud " avant de prendre celui de FARC, en 1966, sous la direction de Marulanda Vélez. L'organisation se réclame alors ouvertement du parti communiste colombien auquel tous ses hommes sont inscrits. En 1993, cependant, le parti bénéficiant de la reconnaissance officielle de l'État, il rompt ses liens avec les FARC. Ces dernières se marginalisent un peu plus. Aujourd'hui, avec 17 000 combattants recevant une solde, les FARC apparaissent comme l'organisation de guérilla la plus importante du pays. Leurs forces sont organisées en cellules de base, ou " noyaux ", de six hommes chacune réunies dans un front chargé de contrôler une région. Avec les années, l'influence de l'organisation n'a cessé de croître. Contre elle, opérations militaires et tentatives de conciliation n'ont rien donné. En 1999, le gouvernement a même accepté de retirer ses troupes d'une région du sud de 42 000 km2, la surface de la Suisse, pour y créer une zone dite de détente afin de favoriser un règlement négocié. Aucun progrès n'a été obtenu, par contre les FARC sont devenues l'autorité de fait du territoire implicitement concédé. L'analyse des relations entre l'organisation et le pouvoir met en évidence deux points essentiels. D'une part, elle cherche à obtenir une reconnaissance internationale afin de se poser en alter ego du gouvernement. D'autre part, elle s'oppose avec force aux tentatives d'éradication de la coca, la plante dont on tire la cocaïne, dans les zones sous son contrôle. A cela, il y a une bonne raison. Si les ressources des FARC, estimées à 140 millions de dollars par an, proviennent pour partie de l'impôt révolutionnaire prélevé sur la population, de l'exploitation de mines d'or et de centrales électriques, la production de la drogue et son exportation procurent ses principaux revenus à l'organisation. Pour décrypter les raisons de l'enlèvement et de la détention de personnalités comme Ingrid Betancourt, il faut tenir compte de ce contexte politico mafieux. A coups de chantages, on voit en effet les FARC cherchant à créer un narco-État, gouverné sur le modèle des dictatures communistes les plus impitoyables.
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