Un juif témoin du Pape |
septembre 2010
« Pie
XII était le plus grand des héros de la Seconde
Guerre mondiale... Il a sauvé plus de Juifs que Roosevelt,
Churchill et tous ceux qui leur sont associés. Il ne devrait
pas être une raison de litige entre les catholiques et
les Juifs » a dit Gary Krupp, président de la fondation
« Pave the Way » (en anglais, « prépare
le chemin ») . Lhistoire de Krupp nen apparaît que plus remarquable. Agé aujourdhui de 62 ans, il a choisi une retraite active, se rendant utile dans le domaine caritatif, après une vie dindustriel fabriquant déquipements médicaux. Dans le cadre de ses nouvelles activités, démarchant plusieurs entreprises, il parvint à constituer une aide en matériel de 15 millions de dollars pour lhôpital italien « Casa Sollievo della Sofferenza ». Situé à San Giovanni Rotondo, dans les Pouilles, il a été fondé par Padre Pio et reste dirigé par des Capucins. Le 29 juillet 2000, Krupp reçut un appel du Cardinal Renato
Martino, accrédité auprès du Vatican. Sur
recommandation du Pape, il se voyait offrir le rang de commandeur
de lordre de Saint Grégoire le Grand. Le
Vatican voulait ainsi le remercier pour la généreuse
donation remise à lhôpital de San Giovanni
Rotondo. En 2003, il créait sa fondation, « Pave the Way » et lui donnait pour mission de « combler les fractures de compréhension entre les religions ». Entre autres actions, il parvenait à faire disparaître quelques unes des tracasseries administratives que subissent les pèlerins chrétiens se rendant en Israël. Mais il faisait mieux. Sa fondation finançait des recherches afin denquêter sur les relations entre lAllemagne nazie et le Pape Pie XII. Il en arrivait à dire, au cours dune interview rapportée par le « New York Times » (2) : « Saviez-vous que le Pape Pie XII avait sauvé plus de 860 000 Juifs des camps de la mort ? Je veux dire que je ne le savais pas auparavant. Cest un assassinat caractérisé, une « Shanda » (un déshonneur en Yiddish), que tant de Juifs disent quil était anti-sémite ». Il ajoutait, trahissant toute la pression quil avait dû subir : « Croyez-moi, quand jétais un enfant, je ne rêvais pas que je défendrais un jour un homme que nous croyions un sympathisant nazi ». Il faut dire, les documents découverts par les chercheurs interdisaient à un honnête homme comme Krupp de fermer les yeux plus longtemps. Lun des historiens dont il soutenait les travaux, lallemand Michael Hesemann, a exhumé de loubli une circulaire, datée du 30 novembre 1938, émanant du Cardinal Pacelli, quelques mois avant quil ne soit intronisé Pape. Adressée aux nonciatures, délégation apostoliques et à 61 évêques, le document demandait de trouver 200 000 visas pour permettre de sortir du territoire du Reich à « des catholiques non-aryens ». Cette formule codée signifiait des Juifs, le concordat auquel était soumis le clergé catholique allemand lui interdisant daider ces derniers en tant que tel. A lintention de ces prétendus « catholiques non-aryens », Pacelli précisait : « Que lon veille à ce que des sanctuaires soient mis à disposition pour sauvegarder leur vie spirituelle et protéger leur culte, leurs coutumes et leurs traditions religieuse » (3). Il faut se souvenir, le 30 novembre 1938, cest trois semaines après la nuit dite de « Crystal », au cours de laquelle, à travers lAllemagne et lAutriche, une centaine de Juifs furent assassinés, 30 000 déportés vers les camps et 7 500 commerces ou entreprises leur appartenant saccagés. Ces événements servirent de point de départ à la politique dextermination nazie. Le Cardinal Pacelli se trouvait face à un régime déterminé. Il prit pourtant le risque de sopposer à sa volonté dans la clandestinité. Dans une lettre de janvier 1939, destinée à appuyer la circulaire de novembre 38, du reste, le futur Pape insistait : « Nentreprenez pas seulement de sauver les juifs mais aussi les synagogues, les centres culturels et tout ce qui appartient à leur foi : les rouleaux de la Torah, les bibliothèques, etc... » (3).
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