LIBAN, LA GUERRE DE 15 ANS |
Il est temps de faire un sort à la propagande consistant à faire passer les chrétiens du Liban pour des assassins et leurs adversaires pour des innocents. Certes, pendant la guerre, des chrétiens ont commis des crimes. Ils ne sont pas les seuls. Si on parle des victimes palestiniennes de Sabra et Chatila, on oublie celles, chrétiennes, du Chouf et d'ailleurs . |
Incendie annonciateur, le 9 mai 1958, une insurrection éclatait au Liban. Des hommes armés s'affrontaient dans les rues. Il fallut l'intervention militaire des États-Unis, à partir du 15 juillet, pour ramener le calme. Sur fond de communautarisme religieux et de motivations politiques, les clivages les plus profonds étaient identitaires. D'une part se tenaient les " panarabes, " acquis au rêve d'un Proche Orient unifié sous une même bannière. D'autre part, proches de la conception de la communauté chrétienne, on voyait les partisans d'un Liban exprimant ses différences, effrayés de disparaître dans la masse musulmane des pays voisins. En 1948, puis en 1967, et à nouveau en 1970, à la suite du Septembre Noir jordanien (1), les Palestiniens affluèrent dans le pays. Réfugiés certes, mais armés, acquis aussi aux thèses panarabes, ils devinrent vite un facteur d'insécurité et de troubles pour le pays. Le 13 avril 1975, la guerre commence à la suite de l'un des nombreux " incidents. " Quatre chrétiens ont été assassinés par des Palestiniens. Un autobus transportant des hommes de Yasser Arafat passent devant une église à Aïn Remmaneh (banlieue de Beyrouth). Armés, les passagers narguent de jeunes chrétiens. Ces derniers eux aussi sont armés. Ils tirent. 27 Palestiniens sont tués. Le 1er juillet 1975, Palestiniens et musulmans libanais se livrent à un carnage dans le village chrétien d'El Kaa. Les camps palestiniens de la Quarantaine, à Beyrouth, et de Dbayé, sur la côte au sud de Jounieh, tombent les 14 et 15 janvier 1976, aux mains des milices chrétiennes. Yasser Arafat fait appel à l'aide de l'armée syrienne. Puis, le 6 juin 1982, l'armée israélienne pénètre pour une seconde fois en profondeur dans le territoire libanais et remonte jusqu'à Beyrouth. En août et septembre, les miliciens Palestiniens, repoussés, sont évacués en bateau par une force internationale pour " raison humanitaire, " affirme alors Bernard Kouchner. Béchir Gémayel, chef des Forces libanaises, principale milice chrétienne, est élu Président de la République le 23 août 1982. Il faut voir là un geste de conciliation des députés musulmans. Mais le 14 septembre, Béchir est assassiné par un militant pro-syrien. Deux jours plus tard, les Israéliens, dont les positions encerclent le camp palestinien de Sabra et Chatila, ordonnent aux milices chrétiennes, folles de colère, de " nettoyer " les lieux (2). Elie Hobeika dirige l'unité qui se charge de cette besogne. On comptera un millier de civils assassinés. Après avoir compromis les chrétiens, les Israéliens commencent à se replier. Le 3 septembre 1983, ils quittent le Chouf, zone druze. 1500 chrétiens sont massacrés par les miliciens de cette communauté. Les autres habitants chrétiens, plusieurs dizaines de milliers, sont forcés à l'exode. Une force multinationale est présente.
Le 23 octobre 1983, deux attentats-suicides font 241 morts
dans les rangs des soldats américains (marines) et
58 des nôtres. Mais, Elie Hobeika ayant signé un accord avec la Syrie est désavoué par ses compagnons. Le 15 janvier 1986, dirigée par Samir Geagea, une rébellion interne l'expulse. Il trouve refuge auprès des Syriens. Le 22 septembre 1988, avec la fin du mandat d'Amine Gemayel, successeur de son frère Béchir à la magistrature suprême, le général Michel Aoun est nommé Premier ministre pour préparer les élections. Le 14 mars 1989, il déclare la " Guerre de libération " contre la Syrie. La zone chrétienne est écrasée sous les bombes. Le 22 octobre, les accords de Taëf (3) veulent la fin des combats. Aoun refuse d'y souscrire. Puis, le 30 janvier 1990, il lance la guerre contre ses alliés, les Forces libanaises. Le réduit chrétien se retrouve divisé en deux. Le 13 octobre 1990, sur ordre des Etats-Unis, la Syrie chasse Aoun du Liban. Le 21 octobre, le leader chrétien Dany Chamoun est assassiné. Le 24 avril 1994, Samir Geagea est arrêté et condamné à la prison à vie sous des prétextes fallacieux. Il ne peut y avoir de paix sans pardon, certes, mais à condition que les criminels reconnaissent leur crime. |
Carte du Liban
Sharon lors de l'invasion du Liban en 1982 Corps de victimes jonchant le sol du camp de Sabra et Chatila
Elie Hobeika fut assassiné en janvier 2002
Walid Joumblatt, chef druze, connu pour ses revirements politiques
Samir Geagea lors de son procés en 1996, amaigri, il souffre de mauvaises conditions d'emprisonnement Michel Aoun, premier ministre intérimaire en 1988 |
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