Étrange silence sur l’invitation,
en France, d’un responsable
du Hezbollah par notre bon pays

novembre 2013

Le 8 octobre, Ali Fayad*, député libanais et haut responsable du Hezbollah, s’envolait pour la France à l’invitation de notre pays.

Officiellement, il était invité à un débat sur l’abolition de la peine de mort à l’Assemblée nationale. Quand même étonnant pour un homme qui, tant en tant qu’individu qu’idéologiquement pour respecter la ligne de son parti, est un partisan de la peine de mort.

Normal, c’est un fondamentaliste musulman, fût-il chiite, et selon son entendement de l’islam la peine de mort fait partie des peines incontournables ordonnées par la loi coranique.

On peut néanmoins subodorer cette étrange apparition à l’Assemblée nationale destinée à occulter une autre activité. En effet, dans la foulée, Fayad a été reçu le 11 octobre au Quai d’Orsay « pour un échange de vues avec des responsables des zones Liban et Proche-Orient » et afin d’évoquer « la crise politique (au Liban), la situation dans le sud du pays, les conséquences de la guerre en Syrie et la position du Hezbollah sur ces questions », révèle-t-on du côté du « parti de Dieu ».

La France, savent les Français, a pris position contre le régime syrien. Le Hezbollah, pour sa part, soutient ce dernier politiquement et militairement. Il y a donc une ligne conflictuelle entre Paris et ce parti pro-iranien.

Pourtant, dans le même temps, les forces françaises étant présentes au Sud Liban dans la FINUL, nos savants stratèges comptent sur le Hezbollah pour protéger nos troupes d’éventuelles attaques d’Al-Qaïda dans la région.

Certes, dans le Sud Liban, la majorité de la population est chiite, par conséquent sous l’influence du Hezbollah. Certes encore, l’animosité est assez forte entre Al-Qaïda, organisation sunnite, et le Hezb, chiite comme déjà dit.

On comprend Paris cherchant à ménager la chèvre et le chou, jouant d’un côté les sunnites contre Assad, de l’autre les chiites pour se protéger. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre le danger d’une telle politique mais aussi la raison de la venue de Fayad à Paris.

Son passage à l’Assemblée nationale apparaît bien comme un prétexte. Du reste, les deux autres députés libanais qui l’accompagnaient, Samir El-Jisr et Ghassan Moukheiber, n’ont pas dépassé la case du Palais Bourbon.

En revanche, le silence de la presse française, sur un événement significatif à nos yeux, nous surprendrait presque si nous ne savions nos journaux timorés au point de taire des pans entiers de l’actualité.

* Alain Chevalérias a longuement interviewé Ali Fayad en juillet 2005. C’est un homme courtois, qui dirigeait le « Centre de recherches » à prétention universitaire du Hezbollah, mais qui reste néanmoins un apparatchik inféodé à l’idéologie du parti.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

Retour Menu
Retour Page Accueil