Les réseaux secrets du Hezbollah:
de l’Afrique à l’Amérique latine

janvier 2012

Depuis sa création, le Hezbollah libanais bénéficie des largesses de l’Iran. Néanmoins, ses chefs savent que le régime de Téhéran n’est pas immortel. Très tôt, ils ont mis sur pied des entreprises privées, enregistrées au nom de leurs militants et implantées en Afrique ou en Amérique latine. Certaines servent de couverture au trafic de la drogue.


Le clan des Salhab

Le 15 décembre 2011, le procureur général de New York déposait une plainte pour blanchiment d’argent par un réseau libanais chiite de trafiquants de drogue et de voitures. Le montant ainsi recyclé atteindrait 490 millions de dollars.

Le coeur légal du dispositif se trouve à Dietikon, à une dizaine de kilomètres de la cité helvétique de Zurich, au numéro 1 de la Riedstrasse. C’est la société Cybamar Swiss fondée en 2003 par un Suisse d’origine libanaise du nom de Salhab. Dans les faits, Cybamar Swiss se réduit à un bureau tapissé de carte d’Afrique.

Les noms de trois personnes apparaissent dans les documents : Fadi Salhab, Dina Salhab et Bassem Salhab. On comprend vite qu’il s’agit d’une entreprise familiale et non de la puissan-te organisation que ses dirigeants décrivent sur leur site Internet.

Un autre Salhab, Oussama, apparaît comme le chef occulte de la petite organisation. Avec le produit de la vente de la cocaïne et de l’héroïne aux États-Unis, il achetait des voitures d’occasion qu’il expédiait au Togo et au Bénin. Après la vente, un réseau de passeurs transportait ensuite l’argent liquide jusqu’au Liban via le Ghana.

Comme nous l’avons démontré dans de précédents articles, l’Afrique de l’ouest est devenue une plaque tournante pour la cocaïne importée d’Amérique latine pour être acheminée vers l’Europe. Il nous semble donc plus que probable que le commerce de voitures d’occasion servait aussi à transporter la drogue.

Selon plusieurs sources proches des services de renseignements, le Hezbollah a monté un important réseau de trafic de cocaïne transitant par le Nigeria et l’Afrique de l’ouest. Or les Salhab, des chiites comme nous l’avons dit, sont réputés proches du Hezbollah.

Wafa Mughniyah, veuve de terroriste

Fin 2009, un écrivain libanais, Imad Chahine, s’apprêtait à publier un ouvrage sur des femmes remarquables du monde arabe. Il s’est vu obligé par le Hezbollah d’en faire disparaître deux pages, la 116 et la 117, qui furent prestement collées par les miliciens livre après livre.

Que disaient donc les pages 116 et 117 pour provoquer une telle inquiétude ? Accompagnée de sa photo, elles ne faisaient que présenter un portrait de Wafa Mughniyah, richissime femme d’affaires. Née à Qom, en Iran, elle était aussi l’épouse d’Imad Mughniyah (ou Imad Moughnieh).

Ce dernier était impliqué dans l’organisation de plusieurs attentats dont, semble-t-il, ceux perpétrés contre les soldats français et américains au Liban en 1983. Son nom a aussi été associé à la prise en otages de plusieurs Occidentaux. À son tour, il a été victime d’un attentat, le 12 février 2008 à Damas, dont on ignore la cause et les auteurs.

Mais, et c’est sans doute là où le bât blesse, Chahine, croyant bien faire, révélait le petit empire commercial de Wafa, qui va d’une fabrique de meubles au Liban à une entreprise de construction présente dans plusieurs pays africains, en Asie et en Amérique latine, en passant par des usines de vêtements en Turquie et en Russie et même une compagnie de prospection pétrolière.

Certains ont estimé le Hezbollah ne voulant pas faire de publicité à Wafa pour ne pas ternir la réputation de « héros » désintéressé d’Imad Mughniyah. C’est mal connaître l’Orient religieux. En islam, la fortune est considérée comme une marque de la faveur de Dieu. Que le sacrifice à la cause d’Allah du terroriste Mughniyah profite à sa femme entrerait donc dans la logique religieuse du Hezbollah.

Il semble bien plus logique de penser que, comme le clan des Salhab, Wafa sert de prête-nom au Hezbollah. Comme eux encore, ses activités légales pourraient en dissimuler de moins avouables. On comprendrait alors mieux les précautions du Parti de Dieu pour la protéger d’une trop grande publicité.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 
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