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janvier 2013
Daprès les statistiques de lUNFPA (1), en moyenne dans le monde, une femme sur cinq a été ou sera victime dun viol dans sa vie. Si cette estimation est exacte, peu flatteuse pour une minorité non négligeable du sexe masculin, elle inscrit néanmoins ce crime dans une terrible banalité. Mais alors, pourquoi la mobilisation des médias pour le viol commis le 16 décembre dernier contre une jeune indienne à New Delhi ? Certes, le crime, prémédité et collectif, sest terminé en meurtre. Mais linédit est ailleurs : pour une fois lévènement a provoqué une émotion massive en Inde, sans doute parce que la victime nappartenait pas à une basse caste (2) mais à la classe moyenne. LInde apparaît de plus en plus à contre-emploi dans limaginaire occidental. En effet, à nos yeux, elle sidentifie au Mahatma Gandhi, et avec lui à un pays qui a obtenu son indépendance grâce à un mouvement de contestation pacifique. De manière un peu manichéenne, pour ne pas dire caricaturale, nous sommes allés jusquà qualifier cet ensemble dun milliard deux cents millions dhabitants de plus grande démocratie du monde. En réalité, lInde est plus une masse en ébullition dont le contrôle échappe au pouvoir central et dans laquelle violences et injustices forment le quotidien de la population. Bulles nauséabondes éclatant dans les titres des journaux locaux, les exemples ne manquent pas. On se souvient, quen août 2008, une vague de persécutions sabattit sur les chrétiens de lÉtat indien dOrissa, causant la mort dune centaine dentre eux et la destruction dune trentaine déglises. Le pouvoir central na que mollement réagi et avec retard. Quant aux attaquants, ils bénéficiaient du soutien dune partie du clergé hindouiste et des partis ultra-nationalistes. Depuis, les agressions nont pas cessé dans lÉtat dOrissa. Les chrétiens ne représentent que 2,4% de la nation indienne ! Dira la part de lopinion qui, chez nous, éprouve du remord à sémouvoir quand les victimes sont des disciples du Christ. Mais que dire du traitement réservé aux femmes, dont on nous parle peu quand il sagit de lInde ! Quon en juge. Certes, depuis 1961, une loi interdit le versement dune dote par la famille de la mariée. La pratique nen a pas cessé pour autant engendrant des atrocités. Ainsi, afin de contracter un nouveau mariage sans rembourser cette dote, des hommes assassinent leurs épouses. On estime à 5000 le nombre de femmes décédant tous les ans pour cette raison. Sous les apparences dun incident domestique, certaines sont brûlées vives à laide de leurs réchauds de cuisine. Par beaucoup daspects, lInde reste une entité archaïque. Lespérance de vie ny est que de 66 ans, ce nest quen avril 2010 que linstruction a été déclarée obligatoire pour tous les enfants de 6 à 14 ans et le système des castes domine encore la réalité de la vie sociale. Plus drôle, le pays passe pour anglophone quand seulement 1,5% des Indiens parlent anglais. On a là toute la mesure de la réputation usurpée de ce sous-continent. (1) UNFPA, « United Nations Population
Fund », agence des Nations Unies. Rapport réalisé
en 2005 par Maria José Alcala. |
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