Pensez-vous, comme nous, que certains responsables politiques tendent à abuser de la menace terroriste pour renforcer les règles de garde-à-vue et le système judiciaire en général ? Etienne Tarride : Il est certain que les menaces terroristes constituent aujourd'hui, comme toujours dans l'Histoire, un prétexte pour amoindrir les droits individuels que les hommes politiques acceptent mal. Encore faut-il distinguer entre des mesures de contrôle, qui sont gênantes, mais nécessaires, et des mesures organisant une véritable réduction des libertés. Il est préoccupant que les pouvoirs publics puissent, par exemple, en utilisant des moyens d'enquêtes renforcés, constituer des dossiers d'accusation dans des domaines étrangers au terrorisme, notamment en matière fiscale. Il est plus préoccupant encore que la lutte contre le terrorisme puisse justifier la limitation du droit d'expression, certaines opinions ou analyses étant qualifiées sans la moindre vergogne de complicité ou même d'incitation. S'il est légitime que le Parlement adopte des textes destinés à lutter contre le terrorisme, c'est aussi son rôle de limiter soigneusement les effets de tels textes. Il ne remplit aujourd'hui ce rôle que de manière très imparfaite, en s'appuyant beaucoup sur le Conseil Constitutionnel dont ce n'est pas la fonction.
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Des personnalités justifient aujourd'hui la torture dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Cela est-il acceptable ?
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