LE RENSEIGNEMENT |
Il y a le totalitarisme de droite, mais aussi le totalitarisme de gauche. Aujourdhui il pourrait émaner de la gauche et sexprimer dans la création dun nouvel outil, la loi sur le renseignement votée le 24 juin. On remarquera quen 1ère lecture à lAssemblée nationale, 438 députés ont voté pour, 86 contre et que 42 se sont abstenus. Le 24 juin, en plus petit comité, avant le renvoi du texte devant le Conseil constitutionnel, pas une voix dopposition na été enregistrée. Cela en dit long sur la connivence qui existe entre députés de gauche et députés de droite, pour ne pas parler des sénateurs, sur certains sujets sensibles, comme lEurope, les relations avec les États-Unis, le mondialisme inavoué mais omniprésent et, dans laffaire qui nous intéresse, en matière de contrôle de la population. On nous dit cette loi destinée à renforcer les moyens des services de renseignement pour combattre le terrorisme. En ces temps troublés, après les épopées sanglantes du 7 au 9 janvier derniers, lattentat perpétré le 26 juin par Yassin Salhi, les multiples attaques commises à travers lEurope, mais surtout en Afrique et au Moyen-Orient et, disons-le, la peur de voir revenir dIrak ou de Syrie de jeunes musulmans fanatisés, qui de raisonnable pourrait dénigrer une loi réputée mieux protéger notre pays et ses citoyens ? Personne, bien sûr. Personne si cette loi nest destinée quà cela. Personne si elle le fait, aussi, en évitant autant que possible de réduire nos libertés essentielles et de violer notre vie privée. Or, sur ces points, nous avons les plus grandes craintes. En effet, dans le texte de la loi, il est dit que la mission des services de renseignement sétend aux recherches concernant les « atteintes à la forme républicaine des institutions ». Être royaliste ou bonapartiste et le proclamer représente-t-il une « atteinte » à ces sacro-saintes institutions ? Pire, remettre en cause cette idée étrange, aujourdhui légalisée, du « Mariage pour Tous », peut-il être considéré comme une menace pour la République ? Il est permis de se le demander quand on a vu avec quelle fureur, parfois, les pouvoirs publics ont réprimé les manifestations des opposants à cette lubie. On peut craindre par conséquent que cette nouvelle loi ne serve aussi à surveiller et isoler les indociles. Que, finalement, elle ne soit quun nouvel outil pour modeler lopinion en lintimidant. Il est vrai, les méthodes autorisées ne sont pas nouvelles. Elles vont de la « géolocalisation », en plaçant un émetteur dans un véhicule, jusquà linterception des différents moyens de communication (téléphone, courrier électronique etc...) et à linstallation de micros dans un domicile. Elles incluent « laspiration ». Technique étonnante, possible avec une simple valise contenant un appareil appelé « Imsi Catcher », elle permet de siphonner toutes les données des téléphones, ordinateurs etc... plusieurs centaines de mètres à la ronde. Les futés vous répondent que les services de renseignements utilisent depuis longtemps ces techniques. Quen fait, la loi ne fait que les légaliser tout en les soumettant à une autorisation émanant du Premier ministre. Nous ferons remarquer quun Premier ministre reste faillible. Comme le Président, il peut se laisser gagner par des pulsions mégalomanes. Il y a au moins un précédent, avec François Mitterrand quand, à lÉlysée, il a été touché par la fièvre de lespionnage. Mais ce nest pas tout. Lorsque ces moyens de collecte du renseignement étaient illégaux, les preuves recueillies ne pouvaient pas servir en justice. Aujourdhui, elles le pourront. Très bien quand il sagit de terroristes. Sachez néanmoins les moyens despionnage cités plus haut partagés entre les différents services, y compris, par exemple, ceux des douanes qui renseignent ladministration fiscale. Collectées par hasard avec un « Imsi Catcher », des informations concernant une transaction, dépassant les mille euros en liquide (1), pour un matériel doccasion, pourraient servir pour vous poursuivre. On voit aussi toutes les possibilités dintrusion dans la vie privée. Nous ne sommes pas les seuls à nous inquiéter. Marc Trévidic, le juge antiterroriste, a dit fin mai devant des étudiants que cette loi donnait un pouvoir exorbitant à lexécutif (2), Même le député Pierre Lellouche, dont la tendance sécuritaire ne peut être mise en doute, a critiqué cette loi. « Elle va fabriquer une montagne de données » qui ne servent à rien, dit-il. Il privilégie avec raison lanalyse et le suivi. Les auteurs dattentats, fait-il remarquer, étaient pratiquement toujours repérés. Plus que de nouvelles lois, ce sont des moyens humains de surveillance des gens à risque quil nous faut en matière de terrorisme. (1) Nous passons dune transaction
autorisée de 3000 en liquide à seulement
mille euros à partir du 1er septembre prochain. |
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