Mafieux bulgares et roumains à lassaut de lEurope |
mars 2009
La Roumanie et la Bulgarie, entrées dans lUnion européenne en janvier 2007, devaient accéder à lespace Schengen en 2009. Déjà reporté à 2011, ce nouvel élargissement narrivera vraisemblablement pas avant 2013, car la Commission de Bruxelles doit faire face à des imprévus de taille : la corruption endémique des élites de ces pays et laugmentation notable du crime organisé en Europe depuis leur entrée dans lUnion. La Commission vient de commander une étude au criminologue bulgare Tihomir Bezlov, ancien prestataire de service de Lehman Brothers et de la Deutsche Bank, pour mesurer lampleur du phénomène et le combattre. Selon Bezlov, en Roumanie et en Bulgarie, le crime organisé sest lancé dans la politique pour capter des postes clefs à tous les échelons du pouvoir et de ladministration. En 2008, la Commission de Bruxelles avait déjà livré un rapport révélateur sur la corruption sévissant au sein du pouvoir et les liens tissés entre la classe politique bulgare et le milieu. Fait rarissime, elle avait même bloqué 500 millions deuros de fonds européens en attendant une meilleure gestion de Sofia (1). Aujourdhui, la même Commission menace de suspendre les milliards de fonds structurels de développement. Plus grave, Rumen Petkov, le ministre de lIntérieur, a été contraint de démissionner, en avril 2008, sous la pression de la Commission. Soupçonné de détourner les subventions au profit du crime organisé, il était de plus accusé davoir livré lidentité dun agent infiltré dans un réseau de trafic dêtres humains, mettant la vie de policiers en danger. Selon Europol (2), les arrestations de criminels bulgares et roumains ont augmenté de 40 % depuis lentrée de leurs pays dans lUnion européenne. Les groupes de délinquants de cette origine opèrent spécifiquement dans les escroqueries à la carte bleue, le trafic de drogues, de cigarettes, darmes et de métaux. Ils prospèrent néanmoins principalement dans le trafic dêtres humains : mendicité organisée, trafic dorganes, denfants, prostitution, industrie pornographique. A Sofia, on peut acheter un bébé pour 30 000 . Daprès Bezlov, dont lanalyse est confirmée par un rapport dEuropol de 2008, les criminels dits « bulgares » sont en fait « des Roms et des Turcs, implantés en Bulgarie ». Les Bulgares turquisés (3) règnent sur le trafic de lhéroïne venant dAfghanistan par la Turquie. Les Roms, eux, dirigent les réseaux denlèvements de femmes dites dethnie bulgare, de préférence des blondes aux yeux bleus prisées dans tous les lupanars de la planète. Selon les estimations les plus modestes, lexploitation de ces femmes rapporte à leurs « patrons » entre 900 millions et 1,8 milliard d'euros par an. Soit de 3,6 % à 7,2 % du PIB bulgare ! A titre dexemple, en octobre 2008, une enquête de la police judiciaire de Varna (4), sur la Mer Noire, a mis à jour un réseau contrôlant les revenus de la drogue et de la prostitution sur la côte. A sa tête, sévissaient trois conseillers municipaux : deux élus du parti représentant les Turcs de nationalité bulgare et un militant des « libertés et des droits de lhomme ». Depuis lentrée de la Roumanie dans lUnion européenne, les gangs roumains multiplient eux aussi leurs activités. Dans la plupart des États de lUnion, ils sont impliqués dans le trafic de la drogue et des êtres humains. Ils compensent leur faible nombre par le recrutement dautochtones. En Italie, leur ascension criminelle, rapide et brutale, est semblable à celle de la mafia albanaise, elle aussi basée sur des critères dappartenance ethnique. Résultat, les Roms originaires de Roumanie semparent de nombreux secteurs du crime au détriment des mafias italiennes. Ils agissent à partir de leur centre principal, le port de Constanta, sur la Mer Noire, une plaque tournante du commerce international, où la police peine à démêler limbroglio des affaires légales et du commerce illicite. En 2008, la Commission de Bruxelles a mis en place des missions de coopération et de vérification pour aider Sofia et Bucarest à combler leurs lacunes en matière de lutte contre la criminalité et la corruption. Première réussite, le 29 janvier, grâce à un mandat d'arrêt européen, un proxénète dit « Roumain » était extradé de Bucarest vers la France. Depuis un an, cet entrepreneur prometteur exploitait 80 jeunes femmes sur les trottoirs français.
Patrick Cousteau
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