" Le juif de coeur est celui qui considère
qu'il doit accomplir le projet de Dieu qui exige la justice et
l'amour du prochain et qui défend le droit et la morale.
Le juif de coeur est celui qui est conscient des valeurs qu'il
doit transmettre (...) Notre identité profonde se fonde
sur la conviction que l'homme est peu de chose sur cette terre
et qu'il doit rejeter toute trace d'orgueil et de vanité
qui lui font oublier sa finitude. (...) Schemaya (1) ajoutait : " Aime le travail,
fuis les honneurs et ne cherche point la faveur des grands
" (I, 10). Comment se traduit cette attitude de " juif
de cour " ? Par une réponse souvent empressée
aux appels des politiques (...) On assiste parfois, avec un assentiment
institutionnel, à des meetings politiques dans l'enceinte
même de nos synagogues, lorsqu'il y a des élections
en vue. Mais le summum pour les juifs de cour est d'être
invités à l'Élysée, à Matignon
ou à Beauvau. Pourtant, ainsi que disait Émile
Touati (zal) (2) : " Après la Shoah,
nous aurions dû être vaccinés, surtout nous
les juifs, contre toutes les vanités et les hochets liés
à la richesse, aux titres, au statut social, aux performances
physiques ou mondaines, à la foire médiatique.
Nous aurions dû apprendre, non pas l'humilité mais
la discrétion, la réserve, une certaine distance
à l'égard de ce monde clinquant et de toc qui nous
a trahis ". Plus que jamais ce message est terriblement
actuel... "
Moïse Cohen, Président
d'honneur du Consistoire de Paris.
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