ROBERT MONTOYA
ÂME DAMNÉE DE
FRANÇOIS MITTERRAND

avril 2006

Il aime jouer entre ombres et lumières. Des écoutes téléphoniques au service de Mitterrand à la vente d'armes à la Côte d'Ivoire. Ancien gendarme français, il aurait même vendu les avions qui ont bombardé nos soldats à Bouaké le 6 novembre 2004. Il s'appelle Robert Montoya. Itinéraire d'un aventurier comme les aimait son maître.

En France, devant la juge d'instruction Brigitte Raynaud, le général Michel Masson, directeur du renseignement militaire, accuse. " C'est bien la société de Montoya, Darkwood, qui a livré les deux avions Sukhoi (…) avec les munitions, " pour attaquer les militaires Français à Bouaké, affirme-t-il.

Robert Montoya

Mais qui est Montoya ? Pour lui, tout commence à Bastia, où il sert comme adjudant de gendarmerie. Le commandant Prouteau, chef de la cellule anti-terroriste de François Mitterrand, cherche des éléments connaissant le dossier des indépendantistes corses. Il le recrute en 1982. Déjà, le terrorisme faisait recette pour justifier les dérives du pouvoir.

Montoya travaillera pour la cellule élyséenne jusqu'en 1986. Il la quitte pour fonder " sa " société de sécurité privée, SP2I.

En 1988, éclate " le scandale des plombiers. " Une affaire d'espionnage téléphonique visant un huissier du CSM (Conseil supérieur de la magistrature), un syndicat gauchiste actif dans les milieux judiciaires. Montoya est retraité du corps de gendarmerie mais, avec SP21, il continuait d'exécuter des contrats pour la cellule élyséenne. Il est impliqué dans le scandale.

Cependant, quand il est condamné, en 1992, il a pris le large. Il vit en Afrique et c'est au Togo qu'il installe sa base. Dans ce pays, il forme et équipe la police anti-émeutes et, selon des indiscrétions, se charge des écoutes téléphoniques pour le compte du général Eyadema (1).

Puis Montoya emporte les contrats du groupe pétrolier américain Exxon-Mobil, pour assurer le transport de marchandises pour Doba. C'est à partir de là, au Tchad, qu'Exxon-Mobil bâtit un oléoduc de 1000 km pour évacuer, vers le Cameroun, le pétrole des champs dont il a écarté le groupe français Total. L'affaire sent déjà la trahison de la mère patrie.

Reconnu pour sa compétence en matière de logistique africaine, Montoya créé alors une nuée de sociétés, basées dans sept pays et employant 2 500 personnes. Parmi elles, " Darkwood logistique, " qui représente en Afrique occidentale BVST, une société biélorusse spécialisée dans la vente de matériel militaire. Rien que de plus légal, cependant. Si le business respecte les lois.

Voilà bien où l'aventure pourrait mal tourner. Depuis le 15 novembre 2004, les Nations unies ont décrété un embargo sur les armes à destination de la Côte d'Ivoire. Or, dans un rapport daté du 9 décembre 2005, la gendarmerie de l'air de Lomé accuse Montoya d'avoir vendu des armes à Laurent Gbagbo, le président ivoirien.

Le 2 décembre 2005, une information judiciaire est ouverte, contre le Français, suite à une plainte déposée par le ministre délégué togolais chargé de la défense nationale, pour trafic illicite d'armes de guerre et de munitions. Brièvement interrogé, Montoya a néanmoins vu ses locaux de Darkwood logistique perquisitionnés par la police à l'aéroport de Lomé.

Le général Henri Poncet, ancien chef de la force française en Côte d'Ivoire, se fait plus accusateur que les pandores togolais. Selon lui, Montoya aurait aidé le régime ivoirien " au niveau de la fourniture des armes, et probablement des techniciens. "

Il aurait même recruté les pilotes de l'attaque, dont certains " parlaient en langue russe ", d'après un enregistrement radio. Il a du reste reconnu avoir aidé à l'exfiltration par le Ghana des deux pilotes biélorusses qui ont attaqué le camp français. " Pour des raisons humanitaires," affirme-t-il.

Laure Carion

 

 

François Mitterrand
 
 

 

 

 

 

 

 

 

Laurent Gbagbo
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Général Henri Poncet
 

 

 

Note
 * Le général Etienne Eyadema Gnassingbé a pris le pouvoir en 1967 à la suite d'un coup d'État. Il est mort en février 2005.
 

 

Lire aussi: Des israéliens ont-ils tué des soldats français en Côte d'Ivoire?

 

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