OPPOSITION
INTÉRIEURE EN IRAN

mars 2006

 Élu en juin dernier Président de la République iranienne avec 61,6% des suffrages exprimés, Ahmadinejad inquiète autant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Aujourd'hui, même dans certaines fractions des milieux artisans de son élection, on entend la colère monter. D'autant plus chez les " Réformateurs " et dans l'opposition déclarée au régime. Mais comment cette opposition peut-elle s'exprimer? Les médias sont contrôlés par le pouvoir et l'armée sous surveillance de mollahs organisés comme un corps de commissaires politiques. Restent les fractures au sein de la hiérarchie cléricale, maîtresse du pays, et la rue.

A nos yeux, cinq organisations peuvent jouer un rôle.

 

L'Imam Khameneï, "guide" de la république islamique d'Iran

 

  " Le Parti de la Confiance nationale " :

Ex-Président du Parlement sous les Réformateur, Mehdi Karoubi s'était présenté aux élections présidentielles. Eliminé au premier tour, boudé par ses amis politiques, il a alors lancé le Parti de la Confiance Nationale. " Je veux un parti sérieux, a-t-il dit, car je suis l'alternance. " Se positionnant politiquement, il ajouta : " Je pense que la Constitution telle qu'elle existe permet beaucoup de changements... "

En dépit de sa jeunesse, le parti a créé son site Internet et un journal. Il cherche aussi à fonder sa chaîne de télévision qu'il pourrait baser à Dubaï (EAU). Problème, les chaînes de télévisions privées sont interdites par la loi iranienne. On jaugera à cela la réalité de l'indépendance de Karoubi

 

Mehdi Karoubi, ancien président du parlement

 " Le Mouvement de la Libération de l'Iran " ou MLI :

Il se déclare " nationaliste, laïc et musulman. " On le dit socialiste, il s'affirme libéral. Les étiquettes ont une autre connotation en Iran, car tout le monde est " musulman " et adepte de l'économie de marché. Ce parti, d'abord soutien de Khomeiny, s'en est désolidarisé au moment de la prise d'otages de l'ambassade américaine. Jugés pro-américains, le MLI et son chef, Ibrahim Yazdi, sont exclus du champ électoral. C'est cependant le parti le plus connu, très influent en outre chez les étudiants.

 

Ibrahim Yazdi

" L'Organisation des Diplômés de l'Iran Islamique " ou ODI :

L'ODI est issue d'une autre organisation, le " Bureau de la Consolidation de l'Unité, " plus grande structure étudiante iranienne à laquelle le Président Khatami devait pour une large part son élection en 1997. Mais, en 1999, le manque de soutien de celui-ci, lors des révoltes estudiantines, et le manque d'ampleur des réformes ont provoqué la déception des étudiants et le départ du " Bureau " des plus radicaux pour constituer l'ODI.

Membre du Comité central de l'ODI, Abdoullah Momeni dit : " Les années Khatami nous ont fait comprendre que la structure du pouvoir rend toute réforme impossible. Ceci pour une raison : les institutions démocratiquement élues pèsent d'un poids insignifiant face aux structures contrôlées par le Guide. Ce dernier tient à sa main l'armée, la Justice, la radio et la télévision... "

Exilés depuis peu aux États-Unis, Ali Afshari et Akbar Atrin, deux responsables de l'ODI, ont parlé le 1er mars 2006 devant des Sénateurs américains pour demander l'aide de la communauté internationale tout en repoussant l'idée d'une action militaire car " l'État iranien appelle la guerre de tous ses voeux. " Selon lui pour se renforcer à cette occasion. Et de conclure : " La population iranienne et ses revendications démocratiques seront alors sacrifiées. "

 

Mohammad Khatami

 

 " Le Front de la Participation " :

Créé en 1997 pour la campagne électorale de Mohammad Khatami, aujourd'hui déchu, le Front connaît des bouleversements intérieurs. Servant de boucs émissaires, des membres éminents, comme Saïd Hajarian et Reza Khatami, frère de l'ancien Président, risquent d'être exclus au congrès annuel, en août. Le quotidien conservateur " Resalat " estime les Réformateurs des " généraux sans hommes. " Pour lui, " Il y a huit ans, leurs partisans étaient des adolescents (...) aujourd'hui ce sont des jeunes hommes (...) Ils sont à l'âge auquel on songe à se marier. On a besoin d'un travail pour gagner sa vie. Leurs besoins ont changé quand les slogans des Réformateurs sont restés les mêmes... "

 

Reza Khatami

 

 " Le Bureau Politique
de l'Association Islamique
des Enseignants " :

En Iran, 60% de la population a moins de trente ans, avec 16 millions d'élèves et d'étudiants, cette organisation est la plus importante formation syndicale.

En 2001, le " Bureau " a fait descendre 30000 enseignants dans la rue. C'était la plus grande manifestation de protestation depuis la Révolution islamique. Le " Bureau " fait peur au pouvoir. Une semaine après son arrivée au pouvoir, pour le neutraliser, Ahmadinejad a augmenté les salaires des enseignants.

 

Hassan Chirazi

 

Ahmadinejad, le président iranien.
Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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